Plusieurs années après sa sortie, la même blague fait encore de multiples sévices chez ceux qui se sont bousillés la tête avec les trois premiers albums. S’il ne fallait choisir qu’un seul épisode dans la quadrilogie Tha Carter, le dernier en date est celui qui récolterait assurément le plus de crachats. Comme si, dépassé par le succès incontesté de Tha Carter III, Lil Wayne était tombé de son piédestal.
Logiquement, Tha Carter IV est relégué au rang de vilain petit canard, celui qu’on montre du doigt quand il s’agit de trier la discographie de Dwayne Carter. Rebirth est naturellement hors compétition : on parle de musique, pas de déchets audios.
Et cette injustice perdure, année après année, en attendant que l’arlésienne Tha Carter V soit libérée de l’emprise maléfique du terrible Birdman (sortez les grosses basses de Hans Zimmer). Pourtant, et c’est quelque chose qui m’échappait déjà à l’époque et qui m’échappe encore aujourd’hui : cet album, il regorge de grosses patates. Du pharaonique Blunt Blowin, au conquérant She Will, jusqu’à 6 Foot 7 Foot qui continue encore d’alimenter les freestyles de vos rappeurs en pyjama, Tha Carter IV noie ses quelques temps morts dans des morceaux qui n’ont pas pris une seule foutue ride.
On est en 2011, trois ans après 808 & Heartbreak de Kanye West (l’équivalent de la naissance du Christ dans le paysage musical), trois ans après le violent succès de Lollipop, et Lil Wayne sort un album… brutal. Un album qui évite de tomber dans les habituelles redites, sans pour autant s’éloigner de l’univers musical du rappeur. Lil Wayne est encore un des seuls à être capable d’enchaîner punchline sur punchline, en frôlant le calembour, mais sans jamais donner la sensation d’être une vieille parodie de pilier de comptoir.
L’énergie dégagée par certains couplets me fascine toujours autant. La simplicité de President Carter est une façade qui cache un véritable distributeur ambulant de citations. L’alchimie entre Wayne et Drake sur She Will, un titre profondément dégueulasse, marque l’un de leurs meilleurs duos. La même alchimie entre Rick Ross et Wayne sur John offre un titre d’une hargne fédératrice. Abortion, ses chœurs, son refrain… Bref, Tha Carter IV pue l’amour du Hip-Hop dans les moindres recoins, et rien que pour ça, il mérite sa réhabilitation.
« You full of shit, you close your mouth and let yo’ ass talk »
Je suis désolé. Même sur mon lit de mort, cette connerie me fera sourire.
Note : Purple Drank /10
Délibération du jury : Habilité à réintégrer la société et les cœurs des bonnes gens.
Le titre à retenir. Point Final : President Carter
Le titre qui te fait regretter Rebirth : How To Hate
Le titre de goujat. Point Final : She Will
La punchline qui ne fait pas trop honte à Nas, même que c’est tout le contraire :
« Life is the bitch, and death is her sister / Sleep is the cousin… What a fuckin’ family picture ! » - 6 Foot 7 Foot
La punchline qui part bien et qui finit tout aussi bien :
« And when life sucks, I just enjoy the head » - Abortion