Longtemps annoncé, longtemps repoussé, le cinquième volet de la légendaire série "Tha Carter" du non moins légendaire Lil Wayne voit enfin le jour. Sans doute pas un hasard s'il apparaît dix ans après le grand "III", auquel il sera inévitablement comparé avec une question sur toutes les lèvres: Weezy est-il encore capable de sortir un classique ?
Sur son talent intrinsèque, il n'y a pas de doutes à avoir et il suffit de l'écouter dès les premiers morceaux pour se rendre compte qu'il en a encore sous la pédale. Flow, attitude, sens de la punchline, tout est en place et c'est déjà un plaisir de le retrouver affûté. Des gros sons, il y en a également du "Don't Cry" à "Uproar" en passant par la rencontre au sommet avec Kendrick, les moments forts sont présents. Même le lot de sons pop comporte des réussites ("Can"t Be Broken" que l'on détesterait certainement si c'était un autre rappeur, le morceau avec Nicki Minaj).
Old-school, sons typiquement Wayne, bangers dans l'air du temps, il a réussi le grand écart entre ancienne et nouvelle génération et c'est sûrement sa plus grande victoire.
Ne pas croire cependant que le tableau est parfait, bien malheureusement. En faisant le choix d'un disque fleuve de 23 tracks étendues sur 1h30, difficile de maintenir le cap. La seconde partie de l'opus est plus discutable, truffée de morceaux dispensables (Ashanti en 2018, sérieusement ?). Par chance il n'y a pas d'accidents industriels - ce fût le cas par le passé - mais le contenu est finalement noyé et la moitié des titres sont oubliés et oubliables à la seconde même où un autre débute. De quoi casser la dynamique du départ et le plaisir de retrouver l'autoproclamé "Best Rapper Alive". A boire et à manger mais attention à l'indigestion.