On connait la formule. Un groupe de synthpop des années 80, un tube planétaire et puis s'en va. Aujourd'hui encore on entend régulièrement les morceaux de ces groupes, martelant les plages nocturnes de stations de radio nostalgiques. Parfois, au détour d'une soirée, quelqu'un exhume l'un de ces tubes, entraînant dans son sillage une horde d’enivrés chantant à tue tête les 99 luftballons ou "dansant avec des larmes dans les yeux". Pour beaucoup, Video Killed A Radio Star est de ces chansons jubilatoires mais symboles d'un groupe au succès aussi fulgurant qu'éphémère. Je ne peux pas vraiment les blâmer, car au final qui peut se targuer de connaître la mélodie d*'Elstree* ou le refrain de Kid Dynamo ? Si bien sûr les Buggles ont tenté de réitérer le succès de leur premier single, qui pour l'anecdote fut le premier clip diffusé sur la chaîne MTV, ils ne réussiront malheureusement pas, et comme tant d'autres artistes de cette époque si particulière que sont les années 80, ils disparaitront aussi vite qu'ils sont apparus, quatre ans après leur formation et seulement deux albums à leur actif.
Il serait pourtant dommage de limiter les Buggles à leur titre phare. Si leur second album, Adventures in Modern Recording, semble aujourd'hui anecdotique, il n'en est pas de même pour leur premier, The Age of Plastic. Véritable bijou de la synthpop, il développe le long d'une dizaine de morceaux de nombreux tubes potentiels. Plus encore que de simples refrains efficaces et couplets dansants, les compositions du duo formé par Geoff Downes et Trevor Horn sont souvent mélancoliques, plus complexes qu'il n'y paraissent, et semblent, à l'orée des années 80 (l'album est produit durant l'année 1979), en avance sur leur temps.
Parfait exemple de ce que les années 80 ont pu offrir de mieux musicalement, The Age of Plastic est un album à la fois très abordable mais qui cache bien son jeu. Sous ses airs de synthpop simpliste il développe une pop lancinante, mélancolique et classieuse à la production millimétrée et qui peut même par moment s'avérer originale et surprenante (je pense ici surtout à la face B). Un grand album qui mérite aujourd'hui qu'on le ressorte des cartons afin d'en apprécier la qualité. Une pépite de plus qui démontre la grande fertilité des années 80 en terme de musique, décennie si décriée et qui avec le temps se voit redorer son blason, pour le plus grand plaisir des amateurs de synthétiseurs et de refrains clichés.
The Buggles - Elstree
https://www.youtube.com/watch?v=lnFhqBjVlhE