Dur dur de passer après Elfman pour démarrer la nouvelle trilogie d’un super-héros assez prolifique au cinéma : Spider-Man. Notre héros se veut plus charismatique, et une bonne musique de la part de James Horner aurait été l’idéal pour étoffer un ensemble un peu affaibli par son manque de perfectionnisme. Sauf que la Bo subit le même syndrome …
Après la première écoute, vous ne trouverez pas grand-chose de mémorable, si ce n’est peut-être le nouveau thème de Spider-Man si vous vous en souvenez, car c’est un motif qu’on entend finalement assez peu tant il est sous-exploité et peu valorisé.
Ce qui mine clairement la Bo, c’est son manque de personnalité : il n’y a rien d’innovant ici. Rien.
Alors, oui, on trouve cordes, piano, percussions, voix (c’est vraiment là où ça déconne sec) mais tout ça est utilisé tellement avec un côté « cahier des charges » qu’il n’y a que très peu d’originalité dans l’utilisation de ces familles d’instruments (j’adore les codes : scène calme = piano et scène importante = violon ; tu la sens, l’originalité, là , ce serait bien fait encore … Sauf que non.).
On met ça parce qu’il faut bien. Ca donne une juxtaposition de plein d’idées, mises bout à bout pour suivre le rythme du film, mais qui ne donne plus de cohérence pour ce qui est de la musique elle-même (c’est quoi ces voix dans « Main Title », sans déconner ?! Ca partait bien, puis au bout de 2 minutes ça déconne sec). Un mélange sans grande saveur de ce qui existe déjà pour chaque registre. « Ben’s Death » en est le parfait exemple. Comme « Metamorphosis », il regroupe des registres opposés (dont les principaux procédés orchestraux sont repompés à droite et à gauche), sans qu’on ne se donne la peine de les lier par des transitions.
L’arpège au piano va vous hanter, tant il revient à la charge avec la persévérance d’un spam ; les percussions vous font du Dark Knight selon l’humeur ; les cordes … ben, rien de spécial ; les voix (oh putain les voix, c’est juste n’importe quoi …) sont là juste pour vous dire qu’elles sont là, parce que les voix c’est classe (il va même jusqu’à s’auto-plagier avec ses voix saccadées dans « Saving New-York »).
La densité d’arguments par morceau est plutôt faible, surtout pour les musiques d’ambiance qui servent plus à combler un vide qu’à apporter une émotion particulière (sauf « The Equation » qui cherche enfin à développer ses idées), ce qui au final est assez répétitif tout au long de la Bo. Alors vous me direz, c’est nécessairement le problème de toutes les musiques d’ambiance pour film ! Sauf que non, quand on voit ce qu’en font Williams, Zimmer, Shore (pour le Seigneur des Anneaux et Hugo), on s’aperçoit vite que la création est partout, et que les musiques plus « calmes » sont souvent témoin du perfectionnisme du compositeur (on ne calcule pas où il faut mettre le paquet pour le climax final, on travaille vraiment partout). Et on se rend compte que le film y gagne beaucoup : Harry Potter, Indiana Jones, Dragons, Hugo Cabret, Gladiator se voient dynamisés par l’omniprésence de la musique. Ici, elle n’est clairement pas valorisé, si ce n’est à deux trois moments stratégiques (cahier des charges, quoi –‘)
Pas beaucoup de création, l’effort d’innovation n’est clairement pas présent (c’est comme « I Can’t See You Anymore », c’est très joli, mais vous aurez l’impression de l’avoir déjà entendu 500 fois, sans savoir ce qui la différencie du reste), mais ça reste audible et respectable à défaut d’être remarquable. C’est loin d’être de la mauvaise musique, vraiment, mais à part « Becoming Spider-Man », il y a bien mieux à découvrir en la matière plutôt que de chercher à s’attarder sur cette Bo. Espérons que Zimmer fasse mieux !