The Ball Street Journal par Bobby_Milk
Beaucoup de personnes pensent ou affirment que le Hyphy est déjà mort, que ce n'était qu'un courant de courte durée. Mais cette sensation venue de la Bay peut encore compter sur l'expérience du vétéran E-40, qui traverse les générations en s'adaptant et en restant toujours aussi actif pour représenter fièrement le mouvement. Le fondateur de Sick Wid It Records s'est régénéré en 2004 depuis son départ du label Jive pour s'allier et faire sa cure de jouvence avec le pilier de la Crunk Lil' Jon via BME et Warner Bros. Le résultat donna lieu à un "My Ghetto Report Card" bien électrisant qui a ravi les fanatiques et les amateurs de gros bangers. Le king du Slang, qui a d'ailleurs récemment sorti un livre à ce sujet, a refait une tournée à la fin de l'année 2008 avec un juicy bien frais dont il est vraiment le seul à pouvoir nous servir. "The Ball Street Journal" est dans la fine continuité du précédent; un cocktail d'égotrip verbal, de productions trempées dans la fonte et d'une sucrette allégée pour convertir les ondes radio.Commençons donc par cette facette horripilante, et qui dit irritation auditive dit forcément Akon et ses refrains pêchés en fête foraine. Dommage, car "Wake It Up" (prod. Matt Price) et ses touches de synthés ont un côté bien fluide et ensoleillé qui a tendance à nous bercer confortablement. T-Pain est lui aussi de la partie sur le très commercial "Give Her The Keys", qui avec sa ligne de bass glisse doucement dans les enceintes comme un glaçon dans un jus de fruit.
Les albums d'E-40 sont bien connus pour avoir une tonne de featuring, un peu à la manière de Master P, il fait croquer son entourage, ses poulains, et avec sa réputation n'a aucun mal à faire débarquer divers guests. Ce 11ème projet ne déroge pas à la règle avec une préférence certaine pour les collabos 100% Westcoast. J.R. Rotem se la joue california vacation avec "Pain No More" pour cette triplette bien efficace qui invite The Game et Snoop Dogg. On reste dans les piliers avec l'O.G. (et policier de la section criminelle) Ice-T sur ce face à face de gangster sous un fond sonore de western moderne revu par Lil Jon. On passe du flingue au cul avec Too $hort qui met son grain de voix de mac sur ce "Sliding Down The Pole" tout droit destiné aux fessiers bombés.
Possédant son propre nightclub, sa propre ligne de Cognac "Cloud 9″ (l'alcool un sujet récurrent qu'il partage avec B-Legit sur "Alcoholism") et d'autres franchises, E-40 a grimpé les échelons du business man. Dernièrement, comme Lil Jon, il a même créé sa boisson énergétique baptisée "40 Water". Ces deux entertainers jamais à court de punch en font d'ailleurs la promo sur le titre du même nom, un morceau qui vous donne un échantillon du degré de dinguerie que provoque celle-ci. Finis de vendre ses skeuds à l'arrière de sa voiture, ses tubes bien fat s'écoulent partout et sa réputation n'est plus à faire. Les rétros vont vibrer, le poids lourd de la Yay Are is back! Auto-proclamé "The Ambassador", il est suivi par son fidèle fournisseur Rick Rock. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que Monsieur l'Ambassadeur sait recevoir. "I'm on One" n'est qu'un avertissement de ce que peut donner leur collaboration, car "Tell It Like it Is" vous terminera sur ce beat de folie et un rappeur en ébullition qui joue de son expérience. Son fils Droop-E le remet sur le chemin de la vibe Hyphy avec "Got Rich Twice" featuring Turf Talk. Turf Talk, l'autre gros morceau de ce mouvement, assure également une bonne prestation sur ce "Hustle" simple, mais plaisante avec un refrain des Rock City.
Un album qui possède son lot de morceaux intéressants et d'autres malheureusement anecdotiques, mais chacun y trouvera son compte. Les news sont quand même bonnes pour E-40, il continue son bonhomme de chemin et clôt cet article de sa vie en famille avec le très spirituel "Pray For Me" accompagné de Suga-T, B-Legit et Bosko.