Le "Double Blanc" aura été, avant toutes choses, totalement en phase avec son époque (la grande force de Lennon, sans aucun doute) : en écho des turbulences du siècle, les Beatles vivent et exposent leurs déchirements internes, et leur musique explose pour la première fois. Le résultat est un labyrinthe passionnant, facilement incohérent, tour à tour expérimental - et ce n'est pas forcément Lennon qui innove le plus… - et magnifiquement mélodique - et les plus belles chansons ne sont toujours celles de McCartney… Trente ans plus tard, assez incroyablement, ce bric-à-brac tient toujours debout, et a même plutôt fière allure.
PS : La nouvelle édition CD, copie habilement, sans tout-à-fait la retrouver l'énigmatique virginité de l'album vinyle, blanc et brillant, marqué du logotype ("The Beatles" - la première méga-marque globale ?) en relief, et d'un numéro de série (illimitée ?) qui faisait de nous un heureux et unique possesseur. Ironique quand même que le seul grand disque malade et révolté des Beatles ait été emballé dans l'un des premiers concepts Marketing modernes…
[Critique écrite en 2009]