The Book of David par matic
Cet été le premier album ‘Quik Is The Name’ de DJ Quik fêtera déjà ses 20 ans, un classic gangsta rap sortie en 1991 qui aura lancé parfaitement la carrière de ce MC/Beatmaker icône de la scène West Coast. Suivront 2 autres albums dans cette période dorée de la côté ouest, ‘Way 2 Fonky’ (1992) et ‘Safe + Sound’ (1995), qui marqueront définitivement la touche si particulière de cet artiste de Compton aux multiples talents. Les 2 projets suivants seront réalisés dans des conditions très difficiles, en 1998 (‘Rhythm-al-ism’) le meilleur ami de Quik se fait assassiner sous ses yeux dans son studio et en 2000 (‘Balance & Options’) c’est son protégé Mausberg qui subit le même sort, 2 événements qui laisseront Quik dans un état psychologique très fragile pendant plus de 2 ans. Lors des 10 dernières années, il a sortie seulement 2 autres solo avec ‘Under Tha Influence’ (2002) et ‘Trauma’ (2005) sans oublier son album en commun avec Kurupt (‘BlaKQut’) en 2009 et le fiasco du projet The Fixxers (duo avec AMG) qui ne verra jamais le jour.
A l’écoute des 2 premiers titres de ce projet il ne fait aucun doute qu’on écoute bien un album de DJ Quik, le style si atypique de cet artiste de Compton est toujours aussi présent avec comme souvent quelques évolutions musicales qui se font ressentir par rapport au projet précédent. La rythmique ultra présente de bout en bout et le choix des drums du ‘Fire And Brimstone’ représentent l’un des côtés que j’adore le plus chez Quik, avec d’autres producteurs ça aurait pu être étouffant mais avec lui le résultat est quasi parfait et tellement West Coast. Le titre ‘Do Today’ n’est pas la plus grande réussite de cet album et on retrouvera bien mieux par la suite dans la tracklist avec notamment les 2 singles très efficaces ‘Luv Of My Life’ et ‘Real Women’, sur le premier on retrouve le MC de Detroit Gift et sur le second le chanteur Jon B, 2 artistes aussi présent sur la bombe monumentale ‘Hydromatic’ qui mettra tout le monde d’accord. A l’image d’un Dr. Dre qui n’hésite pas à faire appel à d’autres musiciens pour élever le rendu de ses productions, DJ Quik est souvent entouré par son bras droit David Foreman (basse/guitare) qui rend un travail impeccable sur chaque prods.
L’un des autres très grands moments de cet album c’est bien évidemment le ‘Ghetto Rendez-vous’ dans lequel Quik revient sur sa relation très mouvementé avec une de ses sœurs qui en 2006 l’aura conduit à faire 5 mois de prison après une très grosse dispute qui aura dégénéré, cette dernière et son entourage avaient prévu d’enlever un des enfants de Quik pour lui extorquer de l’argent (ce qui a eu le don de faire disjoncter David Blake et on le comprend…). ‘Babylon’ et ‘Across The Map’ sont construit sur le même format, avec Terrace Martin aux synthés et Bizzy Bone qui vient donner le ton à tout ça avec sa voix et son flow si particulier, 2 excellents morceaux complétés par Bun B et BlaKKazz K.K. Le rappeur de 2nd II None qu’on retrouve aussi sur le très sombre et réussi ‘Poppin’ ainsi que sur le ‘So Compton’ qui nous replonge 20 ans en arrière quand cette ville était le centre de toute l’attention du rap game avec la naissance du gangsta rap. Que dire du morceau ‘Killer Dope’ si ce n’est qu’à mon avis c’est un des meilleurs titres qu’ait fait DJ Quik dans sa carrière, tout son savoir faire est résumé en 4min50.
Les collaborations avec Suga Free sont souvent très bonne et ce n’est pas l’excellent ‘Nobody’ qui changera cette tradition, Ice Cube rejoint Quik sur un ‘Boogie Till You Conk Out’ de bonne facture qui réunit 2 légendes de la West Coast. Kurupt et Quik se livrent à un exercice de style exécuté parfaitement sur ‘Flow For Sale’ et le beatmaker de Compton signe avec ‘Time Stands Still’ un de ses morceaux RnB les plus réussi bien aidé par un Dwele toujours appréciable sur ce genre de titre. Pour conclure cet album Quik a fait appel aux services de Gary Shider, l’artiste du collectif Parliament-Funkadelic nous fait une démonstration de plus de 2 minutes de tout son immense talent qui nous manque forcément déjà puisqu’il est décédé l’été dernier, un bien jolie souvenir que nous réserve cette galette comme l’excellent volume 9 de la série ‘Quik’s Groove’ en hide track. Dans un style plus instrumental que le ‘Trauma’ (dont la majorité des beats étaient à mon avis plus marquant au final), ce nouvel album revient dans une zone musicale bien connu des amateurs de longue date de Quik avec comme toujours à la clé une réalisation soignée qui fait la différence et rend ce projet excellent.