Vous en voulez plus ? Shot Forth Self Living ne vous a pas suffi ? Alors comme ça, vous aimez le shoegaze qui picote les oreilles… A moins que vous ayez trouvé le premier album de Medicine intéressant mais trop extrême pour vous.
Dans les deux cas, The Buried Life est tout indiqué. La musique de ces Américains étant une boite à bonbons un peu particulière. Ce ne sont pas de simples friandises qu’ils nous livrent ici, mais bien des sucreries cloutées ! Le mélange parfait entre des guitares tronçonneuses et de jolies mélodies apaisées… Quand elles ne sont pas terriblement bébêtes à l’image du salement accrocheur « Babydoll ».
Comme il est dit dans la précédente chronique, ce groupe est excessif par essence. Ils aiment torturer la pop en la passant à travers un filtre de sonorités dures et métalliques. On parle souvent de noise pop à leur sujet, on pourrait dire que c’est également de la pop industrielle. Attention, du vrai indus. Pas de l’électro avec un léger arôme industriel. De la musique d’usine faite avec des scies sauteuses et des marteaux piqueurs.
Le plus incroyable dans toute cette histoire, c’est qu’on peut même danser dessus ! « Slut » (!), c’est du disco qui se fait rouler dessus par un Throbbing Gristle ayant troqué son attirail électronique contre des guitares au fuzz dévastateur. C’est acide, racoleur et pourtant irrésistible. Ne cherchez pas, si vous êtes pris dans la toile de ces Ricains dégénérés, vous vous surprendrez à apprécier leur bruit.
Il n’y a aucun secret dans leur mixture mélangeant sans gêne le beau et le laid : ce sont des chansons avec des accroches qui règnent dans cette cacophonie organisée. Il y a de la pop à chanter sous la douche entre deux distorsions hallucinantes (« Beneath the Sands » et « Never Click »). « She Knows Everything » a un groove lent et captivant qui ne laissera pas indifférent les amateurs de trip hop. On a aussi de la sensualité féminine à faire retrouver la virilité d’un eunuque (« Fried Awake »). « The Earth Is Soft and White » est même un gros délire dans la veine de ceux de Faust. Un collage sonore qui ne peut que faire fonctionner votre imagination. Une illustration sonore du voyage d’une fourmi dans le moteur d’une voiture en quelque sorte. Voilà qui prouve l’humour de ces terroristes et ce ne sont pas les cordes mignonnes de « Live It Down » qui me feront mentir.
Pour résumer rapidement, les premiers disques de Medicine sont indispensables. Surtout si vous avez saigné le Loveless de My Bloody Valentine ou bien parce que vous le trouvez un peu gentillet. Ce qui tombe bien, cette formation de Los Angeles en est l’étape supérieure. On laisse de côté l’aspect flou et vaporeux des Anglais pour rentrer dans le cœur de la noisy pop. Le point de rencontre entre le bruit et les mélodies angéliques de la dream pop, entre le metal et la chair, entre un homme et une femme fortement attirées entre eux… Les comparaisons seraient infinies mais elles tourneraient toujours entre cet aspect charnel et douloureux que peuvent avoir les relations sexuelles.
The Buried Life n’est que ça. C’est la bande son de vos ébats dans une aciérie. On aurait dû s’en douter en voyant cette pochette : pique-niquer n’est jamais un loisir innocent.
Chronique consultable sur Forces Parallèles.