Attention pour commencer deux « problèmes » que je préfère évacuer tout de suite : la pochette assez laide et une production franchement mauvaise (toutefois sur un tout petit label, c'est donc en partie excusable) mais « The call of the wood » n'en demeure pas moins un petit bijou de black metal symphonique avec piano et clavier et surtout une chanteuse hors pair avec une voix très grave et sombre. Dommage toutefois que cette satanée production vienne gâcher la fête.
Les morceaux sont longs voire très longs (60 minutes pour cinq titres de 7 à 18 minutes), presque progressif dans leurs compositions travaillées, on sent l'influence du prog' dans la façon de structurer les titres (et uniquement dans la structure évidemment) : changements de rythme, des ambiances différentes au sein d'un même morceau, c'est même assez exceptionnel pour un premier album sorti de nulle part.
Car il s'agit bien du premier album d'Opera IX, un groupe de black métal italien et un premier album 100% prise de risques, aventureux, osé et ambitieux mais qui s'avère plus que réussi. Un exemple que pas mal de groupes suivront.
On notera aussi la bonne utilisation du piano/claviers, présents sans être omniprésents.
Du black metal mais avec des passages heavy metal plus « traditionnels » voire « gothiques ».
Mais ce qui marque le plus c'est la voix assez phénoménale, rauque et grave, gutturale de la chanteuse Cadaveria, voix assez angoissante (mais c'est le but !).
Un album excellent et si vous pensez que les groupes de Black métal ne savent pas composer allez écouter cet album ; malgré des imperfections il y a une grande qualité de compositions et le black métal a malgré sa réputation négative souvent sorti de très bons groupes, évoluant hors des sentiers battus du métal, vers de nouveaux horizons, ce que le black metal permet aisément car les groupes sont souvent moins tenus par des limites de temps d'un titre que pour d'autres courants musicaux.
Avec Emperor, Marduk, Mayhem, And Oceans, Astarte, Impaled Nazarene, Darkthrone... Opera iX est l'un des meilleurs groupes de black metal que je connaisse. Et surtout un plus des plus originaux et novateurs (c'est quand même autre chose que Venom, pionnier certes mais sans grande qualité).
Ah si cet album, malgré sa production, pouvait convaincre certains que le black metal ce n'est pas que du « bruit » mais que cela peut aussi être des compositions ambitieuses et de qualité (par exemple Agalloch, Summoning...).
L'album débute avec « Alone in the dark » dès la troisième minute un break au piano inattendu ; au bout de six minutes un autre break à la guitare acoustique cette fois.
18 minutes de haut niveau ; impossible de décrire, plusieurs morceaux en un, toutes les ambiances possibles y passent et tous les tempos aussi.
« Esteban's promise » est moins intéressant mais un final assez grandiose tout de même.
« The call of the wood » le morceau phare, passages acoustiques + flûtes remarquables (si vous ne devez en écouter qu'un c'est celui), un côté assez médiéval et superposition des voix claires et gutturales de Cadaveria du meilleur effet ; le final acoustique est très réussi.
« Al azif » du plus black traditionnel encore que le clavier apporte une touche « folklorique » ; l'impression de se promener la nuit dans une forêt maléfique, peuplée de sorcières, d'elfes et de créatures malsaines.
Attention c'est du black métal donc je parle du piano, de la guitare acoustique, de la flûte mais les passages rapides, violents ne sont pas en reste, parfois dans un style bestial.
Toutefois rares sont les groupes black qui alternent autant d'atmosphères différentes dans un seul disque, créant ainsi un univers assez à part. Ensuite cela deviendra plus à la mode dans ce style musical mais à cette époque (1995) c'était encore assez rare.
« Sepulcro » met en avant des passages plus « heavy » avec également des combinaisons de voix qui se répondent.
Un des meilleurs albums de black métal toute période confondue même si la production gâche un peu le résultat.
Après trois albums le groupe se scindera en deux, le guitariste et le batteur continuant Opera IX et la chanteuse s'en allant avec le bassiste former Cadaveria, mais sans grand succès ni pour les uns ni pour les autres