Pour ceux qui ne connaissent pas James Blake

Un certain nombre de personnes ont été déçues par ce nouvel album de James Blake du fait qu'elles étaient déjà convaincues par ses précédents albums et qu'il n'apporte pas grand chose de neuf par rapport à ce qu'il a déjà fait auparavant. Personnellement je prendrai le contrepied de ce constat en conseillant cet album aux personnes qui ne connaissent pas James Blake et cherchent un disque pour entrer dans son univers. Il est de mon avis le plus abordable et le moins expérimental de tous.

Je ne fais pas partie des admirateurs de la première heure et j'avoue que même si son premier album éponyme m'avait surpris et sans remettre en question ses réelles qualités artistiques, j'avais trouvé à la deuxième écoute un côté "soporifique" assez agaçant. Il faut ainsi un petit moment pour s'habituer à ces rythmes lents de type "slow motion", cette atmosphère hypnotique et ce timbre de voix légèrement éraillé.

Dans The Colour in anything il y a toujours cette lenteur mélancolique mais comme je l'ai dit plus haut les mélodies sont plus faciles entre guillemets et le novice y trouvera aisément son compte. Une chose que j'apprécie par ailleurs chez James Blake et qui est une constante dans tous ses albums, concerne la qualité des compositions et la structure de chaque morceau toujours très travaillée (Voir l'intro de 50 secondes de Show me puis la tournure que le morceau prend par la suite). Il y a vraiment un souci du détail jusque dans les choses les plus anodines à la première écoute et il faut vraiment ré écouter les morceaux plusieurs fois pour se rendre compte de toutes ces petites touches disséminées, ces petits "plus" qui font la marque de fabrique du chanteur anglais: ainsi un extrait d'une petite mélodie au piano par ci, des effets d'écho ou de la réverb sur des nappes synthétiques par là, une rythmique hypnotique mais sans forcer, un petit coup de vocoder discret (enfin un chanteur sachant utiliser à bon escient l'autotune!), des samples/bruitages (les oiseaux toujours sur Show me) en fond quasiment noyés par les autres instruments si l'on n'y prête pas attention. Et puis bien sur il y a cette voix très caractéristique, qu'il n'hésite pas à doubler par moments, qui s'immisce en vous telle une petite bruine d'automne, pas la grosse pluie cinglante mais au contraire des milliers de petites gouttes qui malgré leur taille finissent par avoir raison de vos vêtements.

Autant de petites choses disséminées avec parcimonie qui font de cet album un véritable régal pour les oreilles. Morceaux préférés: My willing heart, Show Me, Modern Soul, I need a forest