De 1969 à 2003 (leur dernier album studio, « The Power to Believe »), cette compilation de 32 titres (plus de 2h30) permet de parcourir l’histoire d’un groupe exceptionnel ou plutôt collectif à géométrie variable dont le seul élément inamovible a été Robert Fripp. Du 1er album légendaire (« In the court of the Crimson King ») jusqu’au dernier, King Crimson a marqué l’histoire du rock en étant résolument inclassable, en mélangeant rock progressif, free jazz et heavy rock car Trent Reznor ou les musiciens de Tool n’ont jamais caché l’admiration qu’ils vouaient à ce collectif («Happy With What You Have to Be Happy With » par exemple ou encore « Level Five » sur l’album de 2003). Des morceaux comme « Red », « Elephant talk », l’inusable «21st Century Schizoid Man » ou encore «Larks’ Tongues in Aspic » sont de purs chefs d’œuvre du rock. On peut juste regretter, mais c’est souvent le lot des compilations, que plusieurs morceaux soient en version abrégée, ça, ça ne me gêne toujours quand on sait l’obsession de Fripp à construire ses morceaux de façon minutieuse, accompagné tout au long de sa carrière par des musiciens légendaires (Tony Levin, Bill Bruford, Adrian Belew, Greg Lake, John Wetton, pour ne prendre qu’un petit échantillon de ceux qui se sont succédés dans le groupe au fil des années, entre les interruptions volontaires (du milieu des années 80 au milieu des années 90, par exemple).
C’est un des groupes de rock les plus influents de l’histoire, tous les genres confondus : Le leader de Porcupine Tree, Steven Wilson, a remixé avec Robert Fripp lui-même nombre d'albums de King Crimson, et Gavin Harrison est batteur dans les deux formations. Dream Theater a également partagé l'affiche avec les deux trios d'Adrian Belew et Tony Levin. Mystery Jets revendique aussi l'influence du groupe. Cette compilation reste un très bon moyen de découvrir King Crimson avant de se lancer dans les œuvres incontournables que sont « Red » ou « Discipline ». Crimson n’existe plus aujourd’hui et il est aujourd’hui remplacé (depuis 2024) par un groupe hommage constitué de Tony Levin, bassiste de King Crimson, Adrian Belew, ancien guitariste du groupe, accompagnés par le guitariste Steve Vai et le batteur Danny Carey. Son nom Beat a été suggéré par Fripp lui-même. A suivre sans aucun doute.