Cet album mythique, culte, incroyable, reste aujourd'hui indémodé, tant une grande frange de l'électro s'en est inspiré, et en réalité, tant le son qui sort de cet album reste complètement fascinant. En écrivant cette introduction, j'écoute l'introduction de Time, intro qui en elle-même, est un masterpiece, la basse prédominante dans le volume de Waters étant malgré tout surplantée par le jeu de rototoms de Mason. Et j'ai des frissons.
Un pur travail de groupe
Dans cet album, bien sûr que Waters est l'âme créatrice, c'est lui qui trouve le concept, l'histoire, le chapitrage. Mais tous y apportent leur patte. Gilmour (évidemment), mais aussi Wright voire Mason (déjà cité en intro). Et n'oublions pas Alan Parson, pas membre du groupe, mais l'ingé son qui sublimera tout ça. Ne pas négliger Parson dans cet album : le mixage est une science et un art. Et Dick Parry au sax, alors ? Raider55 ne l'oublie pas dans cette liste, même s'il ne le cite pas. Les mecs sont à Abbey Road, ils vont voir du foot, ils font une pause pour enregister Obscured by Clouds, bref : ils créent, avec un objectif mais sans pression.
Et alors, évidemment, un son de fou
Evidemment, que les compos sont belles (en réalité, je ne suis pas fan de Money), évidemment que les paroles nous disent quelque chose. Mais tout ce travail de fond, ces voix aléatoires qui nous parlent de folie, ces fondus enchainés, ce on the run qui passe d'une enceinte à l'autre, ce choix méticuleux du bon instrument (à une époque ou l'électro ne peut pas tout), ces arrangements, le temps qui est pris sur chaque titre pour ne parler que musique et laisser le temps aux paroles de venir (voire, simplement aux voix, comme dans the great gig in the sky). Je sais, je ne suis pas original, tout a déjà été dit sur cet album, du plus grand exégète, au collégien le plus nerd de la cour d'école.
Le début de la fin ?
Certes, le succès du Floyd ne s'est jamais démenti, avec des ventes de malade, certes l'inspiration n'a pas disparu comme ça, mais, et c'est évidemment l'ironie, le succès dénoncé comme un danger dans cet album, a commencé à tuer le groupe. Entre Waters, autoproclamé comme le seul génie du groupe, et Gilmour et Wright, sans doute moins géniaux sur la créativité, mais pas sur le feeling et le son et donc leur apport à l'empreinte musicale du groupe, plus rien ne sera jamais comme avant. Mais bon, pour continuer à vendre et à produire des trucs de ouf, c'est ensemble que ça se passe. Mason l'a bien compris. Il s'en fout, il a la chance d'être au sein d'une poule aux oeufs d'or. C'est le seul des 4 à être crédité dans tous les albums du Floyd. Et lui, pour le coup, c'est sans doute pas un génie. Juste un bon artisan.
Moralité : pour vivre heureux, fuyons les conflits.