Mode d'emploi : cet album doit être votre premier contact avec « la musique de vieux ». Ou l'un de vos premiers, en tout cas. Si vous avez moins de 16 ans, c'est mieux.
Donc, vous découvrez The Dark Side of the Moon, et vous allez kiffer. Mais genre, méchamment, quoi. (Ce vocabulaire part du principe que vous avez moins de 16 ans. Ajustez-le à votre tranche d'âge au besoin.) Vous allez l'écouter en boucle un bon moment, vous allez vous dire que David Gilmour est le meilleur guitariste de tous les temps et vous demander comment ça se fait que les paroles de Roger Waters n'aient pas donné naissance à tout un nouveau courant philosophique, parce que ce type il est aussi intelligent que Platon facile quoi. Vous allez peut-être bécoter votre douce (comment disent les jeunes ? slurper votre meuf ?) au son de cet album (encore que Wish You Were Here soit encore mieux de ce point de vue, paraît-il).
Et puis vous allez découvrir d'autres trucs. Peut-être allez-vous partir de Dark Side et descendre le fil du courant progressif et néo-progressif, ou bien irez-vous plutôt à contre-courant pour goûter aux fumées du psychédélisme et serrer la main au sieur Barrett, ou alors sauterez-vous quelques étapes pour vous mettre au krautrock, ou à la folk, ou à d'autres trucs, ou à tout ça à la fois. Votre collection de disques (votre répertoire à MP3 ?) grandira, lentement mais sûrement, vers d'autres horizons, d'autres rivages.
Vous reviendrez à Dark Side, mais de moins en moins souvent. Lassitude ? Ou bien votre nouvelle éducation musicale vous aura-t-elle permis de remettre les choses en perspective ? Sans doute un peu des deux, mais espérons surtout la deuxième, car sans perspective, on serait tous aplatis dans un monde à deux dimensions et ça serait pour le moins ennuyant (surtout qu'un prisme en 2D ça décompose vachement moins bien la lumière).