Parov Stelar, la référence de l'electro-swing revient avec son sixième LP, deux ans après le très bon "Art of Sampling". Une fois de plus, le DJ autrichien poursuit sa folle entreprise et appose un peu plus sa patte sur un genre qui lui doit déjà beaucoup. L'electro-swing à beau être un courant musical relativement nouveau et encore méconnu, son irrésistible ascension est intimement liée à la réussite du DJ autrichien. Il sample et remixe des disque de jazz et de swing des années 30 et les marient d'élégants beats electro qui donnent une violente envie de se déhancher.
"The Demon Diaries" renvoie à l'époque des années folles, cette période de démence collective, coincée entre les deux guerres. La musique jazz des années 30 est pour Parov Stelar une source inépuisable d'inspiration, une période qu'il affectionne particulièrement pour sa richesse et son éclectisme musical. Pour cet opus, Parov Stelar s'entoure d'artistes reconnus (Anna F.) et de jeunes talents en devenir (Timothy Auld, Anduze, Angela McCluskey). Choix payant qui permet d'apporter des petites touches variées au travers de ses morceaux.
Divisé en deux parties, l'album adopte une noirceur plus mature que ses prédécesseurs mais parvient à conserver cette énergie trépidante et contagieuse qu'on aime tant chez l'autrichien. "Hit me like a drum" et "Berlin shuffle" sont une personnification même de l'electro-swing. Tempos endiablés, changements de rythme permanent et beats explosifs en sont la recette.
La reprise du classique "It don't mean a thing" démontre la capacité de l'artiste à intégrer harmonieusement des beats électro à un morceau typiquement jazzy.
Parov Stelar prend le temps pour nous embarquer sur son rythme de croisière, mais une fois qu'il nous a captivé, il nous emporte dans une traversée mélodieuse, à la créativité sans limites et au style groovy. Dans un style toujours aussi étourdissant "The sun" nous remémore "Your Man" de l'album "Coco". Parov Stelar cultive avec soin ces beats rétro, alliage de nonchalance et d'impétuosité, qui font sa marque de fabrique.
Le deuxième album marque une rupture et bascule sur des morceaux aux influences plus jazzy. Porté par la voix suave et satinée de Maya Bansalem, "Summertime" séduit par ses intonations electro-jazzy. Dans un style toujours aussi dépouillé, "Walk away" navigue avec élégance dans des confins extatiques, évoquant une réminiscence sans fin. Entre quelques paroles délicatement distillées par la phénoménale Anna F. (auteur de l'album "King in the Mirror" que je vous conseille d'écouter) et un superbe solo de trompette, le titre opère une alchimie rare, d'une délicatesse sensuelle étourdissante.
Le meilleur exemple de cette transformation est la seconde version du titre "Josephine", hommage à l'icône Josephine Baker. Beaucoup plus intimiste, la chanson prend un tournant acoustique que le timbre frêle d'Anduze sublime.
Mais le meilleur reste pour la fin avec le bouleversant "Don't believe what they say". D'une pureté mélancolique à couper le souffle, il consacre un Parov Stelar au sommet de son art. En espérant que ça dure.