Voici sans aucun doute l'album de Kate Bush le plus riche et le plus original de sa carrière: arrangements, textes, voix et ambiances sont surprenants. Un disque qui en devient intemporel, 1982 ? qui l'aurait cru... Le meilleur opus de la chanteuse dans les années 80 avec Hounds of Love autre bijou, loin des clichés pop de son époque - les synthés sont présents mais n'écrasent pas la complexité de certains arrangements. Ici rien n'est évident, l'auditeur doit sentir, entrer dans cet original monde sonore - la voix est enregistrée très proche du micro, le souffle, le bruit des mots et même les silences font partie de l'univers du disque. The Dreaming est moins accessible que le Never for Ever de 1980 qui fit la gloire de la chanteuse anglo-irlandaise, si peu commercial que EMI refusa presque de le sortir n'y voyant aucun potentiel commercial et pas vraiment de tube façon Babooshka, c'est normal, Kate Bush opérant un vrai tournant musical à cette époque.
Elle s'entoure de musiciens amis et de jeunes collaborateurs puis s'épuise des mois durant dans l'expérimentation de nouveaux synthés, instruments dernier cri, de techniques de captation de la voix... la gestation de l'album fut longue, éreintante mais le résultat est à la hauteur pour qui aime les sentiers musicaux pas balisés pour un sou.
The Dreaming se mérite et ne s'offre pas comme ça. Seule une écoute après une autre écoute, permet d'y déceler tout son pouvoir d'envoûtement. Si on tombe amoureux de ce complexe voyage musical et bien c'est pour la vie, on se dit que l'on tient entre ses mains une oeuvre... d'art.