Ça plane pour moi !

Je fais partie d'une catégorie assez peu répandue de "fans" de Pink Floyd, ceux qui ont vénéré le groupe des débuts - quand il était avant tout le vecteur du génie de Syd Barrett, puis quand il a inventé à lui tout seul un machin qu'on appelait à l'époque le "Rock Planant" et atteint des sommets psychédéliques encore à peu près inégalés - jusqu'à la rupture de "Dark Side of the Moon", qui l'a vu devenir un groupe ordinaire, qui m'a profondément déçu, puis irrité, puis répugné. Cette compilation des "Early Years 1967 - 1972" est donc parfaite pour moi... qui n'ai d'ailleurs pas l'intention d'investir dans le gigantesque coffret dont les morceaux présents ici sont extraits. Chronologiquement, on commence par quelques merveilles de Syd,des plus pop ("See Emily Play", impérissable) aux plus déviants (le bouleversant "Jugband Blues", bien sûr...) : le plaisir est là, même si l'on ne peut pas parler d'inédits. Le double CD se termine sur des extraits remastérisés de l'étrange album "Obscured by Clouds" (BO de "la Vallée" de Barbet Schroeder), qui marque clairement la fin des aventures musicales du groupe et le retour à des formats rock traditionnels, des morceaux affreusement banals, seulement sauvés par les interventions de David Gilmour à la guitare, le genre de musicien qui rend intéressant tout ce qu'il touche. Entre les deux, pas mal de morceaux magnifiques, parfois stupéfiants, toujours intrigants, qui survolent la flamboyante période "More - Atom Heart Mother - Ummagumma - Meddle" : des inédits, comme le superbe "Embryo" (deux versions très différentes), des live (une passionnante interprétation par le groupe, sans musiciens additionnels, de "Atom Heart Mother")... bref une jolie manne pour le nostalgique d'une époque où le Floyd était un véritable précurseur, un groupe qui contribua grandement à ouvrir de nouvelles perspectives à notre musique. [Critique écrite en 2016]