Éternel ? Jeunesse ? 2 mots qui illustrent bien le dilemme - l'impasse, même - dans lequel se trouvent pris nos bruitistes favoris : car, même si jouer du rock "extrême" passé 50 ans fait toujours sens, comment affronter l'écueil de la redite, de l'inspiration qui tourne en rond ? "The Eternal" est un album extrêmement brillant, complètement gratifiant pour son auditeur, un album qui reprend l'histoire juste après le dyptique furieux "Goo"/"Dirty", juste avant que le triomphe de Nirvana ne vole le "feu sacré" au nez et à la barbe du couple Moore-Gordon. Un album qui voit Sonic Youth faire du Sonic Youth avec un degré de perfection et de brillance rarement atteint auparavant : immédiatement reconnaissable, les accords basiques sur les guitares bizarrement accordées, les riffs à la fois furieux et atmosphériques, les mélodies primitives, les voix urgentes et juste "fausses" comme il faut... Pourtant, ne reste-t-il plus rien à inventer, à défricher ? En écoutant ce bel "Eternal", on ne peut que se dire que l'éternité est un peu ennuyeuse, aussi belle soit-elle. [Critique écrite en 2009]