Cet album est à ce jour le dernier véritable album de Sonic Youth, si on fait fi de la musique du film “Simon Werner a disparu”, et pourtant il date de fin 2008, une éternité... Non pas que chacun des membres ait quitté la scène musicale, bien au contraire, les enregistrements en solo ou en duo sortent à intervalles réguliers, à la façon des piqûres de rappel, comme une main s’extrayant de la masse en s’agitant, comme pour dire « Hey ! Nous sommes encore là ! »


C’est que Sonic Youth n’est pas un groupe comme les autres, déjà, il est de New-York et s’inscrit avec force dans la lignée du Velvet Underground, et pas seulement pour le côté lisse et froid que chante Nico, mais plutôt pour les éclairs noisy et discordants, ceux qui écorchent encore vos oreilles, gravés, comme pour les fixer dans le temps et prendre date, dans les deux faces flamboyantes du White light/White heat frappé d’une tête de mort !


Le temps est passé et le nom du groupe lui-même est bien décalé au regard de leur vie bien rangée, si ce n’est que brûle toujours la flamme propre à ceux qui n’ont pas assez appris à grandir, un vieux reste de « post punk » constamment accroché à leurs pieds, le son des guitares un peu crades, la voix délicieusement à côté de Kim Gordon, les compos variées et pourtant si identifiables, en montées et en descentes, fortes ou fragiles, se présentant, au premier abord, comme une masse sonore uniforme avant de se révéler au fil des écoutes, coquettes et sournoises, comme à l’effeuillage.


Il suffit d’écouter par exemple « Sacred Trickster », « Malibu Gas Station » ou « Massage The History » pour vérifier que l’énergie et la créativité sont toujours là. Il y a même quelques accents pop sur « Antenna » qui plairont sans doute à beaucoup.


Quant aux amateurs d’inventions sonores, de recherches expérimentales, à ceux qui ont peur de l’ennui, qu’ils n’hésitent pas à puiser dans les albums solos de Thurston Moore ou du Diskaholics Anonymous Trio ou encore dans le label Sonic Youth Records où la musique enregistrée se livre sans entraves aucune, en totale liberté, ouverte, créative et souvent improvisée, car « Sonic Youth » n’est que l’aspect immergé d’une œuvre beaucoup plus importante encore, taillée de mille facettes s’ouvrant à de multiples expérimentations sonores, pour que jamais n’arrive l’habitude, la petite mort…

xeres
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le 25 avr. 2017

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