A l'écoute de cet Evil One, pondu très certainement à la sortie de l'hôpital psychiatrique dans lequel il séjourna un bon moment, le Roky Erickson des 13th Floor Elevator n'est plus vraiment le même. Responsable au milieu des années 60 d'un des premiers disques majeurs de l'ère psyché (psycho?), le voici dans la peau d'un frontman d'une nouvelle formation adepte du killer-riff, particulièrement portée sur le surnaturel, l'au-delà, les bestioles et les films de série Z.
A vrai dire, on n'en aurait presque rien à foutre des thèmes du disque tant la musique ici brille d'elle-même par sa justesse, sa force, son caractère trempé, ses mélodies négociées comme un chef, son étonnante bonne humeur accessible entrecoupée, il est vrai, de certaines coupures de ton effrayantes comme ce Night of the Vampire et son introduction glaçante mettant Alice Cooper minable. Roky Erickson c'est aussi une voix qui, à l'instar d'un Robert Wyatt, peut faire le travail d'elle-même sans avoir besoin d'autres choses. Et lorsqu'elle rock beaucoup, elle rappelle souvent Mick Jagger.
The Evil One a tout du disque plaqué au sol d'avance et que personne n'écoutera malgré la puissante performance du groupe, alignant un combo guitare, basse, batterie généreux et truffé de mélodies saillantes. Les années 80 laisseront place encore un peu plus à la folie (Roky pense qu'un alien l'habite), aux errances, après ce coup de génie un peu compliqué à reproduire si l'on n'a pas les yeux au minimum en face des trous.