Laissez-moi vous raconter une petite histoire...
... Ce sera court, ne vous inquiétez pas.
C'était il y a trois ans, peu de temps après la sortie de cet album. Habitant vers le centre de la France, moi et mon amie avions entrepris de rendre visite à la famille qui habite à l'Ouest. Nous avons donc pris la voiture et nous sommes lancés sur la route, tranquillement, évitant l’autoroute pour profiter de tout ce qu'une bonne vieille route nationale a à nous offrir. Le temps était clair et chaud, les lunettes de soleil étaient de sorties, on se débrouillait pour mettre le plus possible de peau à l'air, on roulait les fenêtres ouvertes, et on avait sorti nos plus beaux t-shirts.
Le mien était un Iron Maiden, préalablement acheté pour avoir l'air de ce que je suis lors de leur concert au Sziget en 2008: un fan.
Bref, après quelques heures de routes, nous commencions doucement à avoir faim, et soif, bien sûr. Heureusement, nous n'étions pas loin de traverser une petite ville (ou était-ce un grand village ?) dans laquelle nous avons eu la joie de trouver, en bord de route, un carrefour market tout ce qu'il y a de plus banal, mais dans lequel, sans nul doute, nous trouverions ce que nous étions venus chercher.
La voiture garée, les jambes étirées, le portefeuille en poche, nous avons pénétré dans la fraîcheur artificielle mais néanmoins bienvenue du magasin. Nous avons parcourus les rayons afin de trouver de quoi continuer notre voyage dans l'humeur la plus chaleureuse possible, quand tout ce que nous étions venus chercher était désormais dans nos mais. Donc, direction la caisse, afin bien évidemment de payer pour que la société de consommation puisse se porter à merveille.
Mais là n'est pas le sujet.
Une petite vieille devant, une autre derrière, nous attendions. Quelques minutes passèrent, quand notre tour vint. Bip, bip, bip, bip... Les articles défilaient sur le tapis roulant, le caissier faisait son boulot comme tous caissiers ni bons ni mauvais : machinalement.
Mais ce n'est pas une machine qui releva les yeux au moment ou je sortis mon portefeuille pour passer à la caisse, mais un être humain sympathique et chaleureux, au bon goût prononcé qui me posa une question qui deviendra (ainsi que la réponse) tout l'intérêt de l'histoire. Remarquant mon t-shirt (souvenez-vous), le jeune homme me demanda :
- Vous avez aimé le dernier ?
L'air perplexe, je posai mon regard sur mon amie, les sourcils froncés. Le caissier fit un signe de tête vers mon vêtement en passant le dernier article. Bip...
- Oh, vous voulez parler de The Final Frontier ?
Il acquiesça.
C'est là que, l'air attristé, je ne pus que lui répondre par la négative. Non, je ne l'avais pas encore écouté. J'y avais bien jeté une oreille, qui ne m'avait alors guère convaincu, je n'y avais donc pas plus pensé que cela. Et quand lui-même me donna son avis qui était loin d'être élogieux (sans être trop négatif pour autant), il scella pour un temps une petite parcelle de mon destin concernant cet album.
Bref, nous sommes donc partis de ce supermarché, et avons repris notre route, en me demandant, de temps en temps, si cet album valait-il tout de même le coup ?
Les années passèrent, la vie me fit vivre, la routine me fit oublier, le travail me fit chier, l'amour me donna un enfant et le hasard revint me voir un jour de juin 2013 alors que, ne sachant quoi écouter dans ma voiture, je tombais sur une compile MP3 contenant le fameux Final Frontier. Ayant parlé Iron Maiden avec un collègue peu de temps auparavant, et comme cela faisait longtemps que je ne m'étais pas plongé dans un bon vieux Maiden, je décidais de le mettre. Au fil des jours qui suivirent, ou l’impatience de monter dans ma voiture pour écouter ce fabuleux album se mêlait à un sentiment de bien-être rien que de penser à des titres fabuleux comme "Coming Home" ou "Starblind", je révisai mon jugement et me rendit compte que cet album de Iron Maiden n'était pas un mauvais album, n'était pas un mauvais Maiden, et avait même sa place d'honneur dans leur discographie qui, décidément, restait une pièce maîtresse du heavy metal.
Donc, aujourd’hui, je décide de répondre à ce jeune caissier fan d'Iron Maiden et qui peut-être, comme moi avant, n'a jamais cru bon de jeter une oreille sur The Final Frontier : Ecoute-le, mec. Prends le temps, prends une bonne heure et écoute-le d'une traite, puis ensuite : réécoute-le. Tu verras, cet album se mérite, il ne s'apprécie qu'au fur et à mesure, quand les mélodies se démêlent, les chansons se sertissent dans ton esprit, les airs restent après extinction du lecteur, l'envie d'y retourner est semblable à une drogue. Cet album est absolument génial.
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Quand aux autres lecteurs, qui m'avez lu jusqu'ici, faites de même. Et comme le dit un légionnaire romain à son centurion (je crois) dans un dessin animé d'Asterix : "Des Dieux. Ce sont des Dieux ! On ne se bat pas contre les Dieux..."
Tout est dit.
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