Je ne suis pas un grand fan du travail en duo de Vangelis avec Jon Anderson (la voix du groupe Yes). J'y suis venu tardivement, après avoir largement exploré l’œuvre solo du compositeur grec, et encore aujourd'hui, ce ne sont pas des albums qui fréquentent souvent ma platine, malgré de régulières tentatives pour tenter de m'y intéresser.
J'aime pourtant le timbre inimitable, haut perché, de Jon Anderson. Et le fait que, à ses côtés, Vangelis ne se soit non seulement pas bridé, mais ait au contraire tenté beaucoup de choses inédites dans son écriture musicale.
Les meilleures sont sans doute dans ce deuxième album du duo, à commencer par le morceau-titre, monument de 12 minutes qui fait figure d'hommage au film noir, plus particulièrement au film de gangsters, en incluant des dialogues et des effets sonores tirés du Faucon Maltais, long métrage adapté d'un roman de l'un des pères du genre, Dashiell Hammett. Le Mr Cairo du titre renvoie au personnage incarné par Peter Lorre, Joel Cairo.
Le disque dans son ensemble est une collection de morceaux de bravoure (le titre le plus court dure 4'12, et les autres tournent entre 5 et 8 minutes), pleins de surprises musicales, de moments ludiques (les arrangements sautillants de "Back to school", datés mais très fun), de recherche sur les lignes rythmiques ou les séquences électroniques.
Hormis "Beside", bluette sentimentale un peu trop linéaire et gluante, le tout chatouille agréablement l'oreille. Vangelis convoque saxophones, pianos blues et autres orgues de jazz qui viennent épicer les sonorités familières du compositeur, notamment celles issues du Yamaha CS-80.
L'esprit du rock progressif plane sur le disque, qui crée brèches et ruptures rythmiques ou stylistiques pour tenir l'auditeur en éveil.
Le tout est inspiré, solide. Mais, dois-je à nouveau l'avouer, pas aussi marquant que les albums solo de Vangelis. Le côté chanson, sans doute, me passionne moins, et m'empêche d'apprécier pleinement la virtuosité d'écriture du compositeur grec, indéniable dans ce disque. Et sans aucun doute, le sommet de la collaboration entre Jon & Vangelis.