Milk & Honey
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Ce Volume 4, c'est l'album d'une tragédie. Une méprise, un malentendu entre John Fahey et son public qui le poursuivra jusqu'à sa mort. Car s'il y a bien deux choses que John déteste, c'est :
Or lorsque The Great San Bernardino Birthday Party & Other Excursions paraît en 1966 sur Takoma, le verdict de la presse est sans appel : c'est du Folk Psychédélique. Argh ! Double coup dur pour Fahey. Lui qui se montre volontiers nihiliste et ne touche pas aux drogues (si on excepte des quantités faramineuses d'alcool bien sûr), le voilà fourré dans le grand pot-pourri du psychédélisme naissant, avec ces bons à rien abrutis de hippies. Le pire, c'est qu'eux l'apprécient beaucoup, cet ingrat. Quant au terme de « Folk », Fahey le rejette également. Selon ses propres mots : « Je ne suis pas un 'Volk', je viens de la banlieue ». Mais en dépit de toutes ses protestations – et d'une décennie 90's passer à déconstruire violemment son style et prouver au monde son mépris pour l'harmonie – il est déjà trop tard, le mal est fait : John Fahey est folk. Il y a fort à parier que ce début de reconnaissance aura laissé un arrière-goût amer dans la bouche du guitariste compositeur.
Mais allons plutôt voir ce qui est à l'origine de ce quiproquo : l'album lui-même. Pour sa conception, Fahey enregistre de nouveaux morceaux tout en bricolant à partir d'anciennes pistes enregistrées quelques années auparavant. The Great San Bernardino Bithday Party & Other Excursions est surtout célèbre pour sa face A contenant le morceau éponyme de 19 minutes, sur lequel John interprète divers thèmes cousus ensemble en une seule et même pièce. À écouter la chose, il est aisé de se figurer pourquoi les hippies s'en sont saisi avidement. Fahey n'a jamais sonné si mystérieux, la guitare est distante, conférant une présence accrue à l'écho qui se profile entre chaque note. Souvent, il marque une pause entre deux parties et laisse respirer la partition. Rajoutez à cela ces accordages peu communs lui permettant d'explorer de nouveaux territoires mélodiques, et vous obtenez la recette parfaite pour faire de cette intrigante pièce méditative un classique de psychédélisme. Désolé John, mais faut bien se rendre à l'évidence...
Le reste du disque s'affaire à démontrer le goût grandissant du guitariste pour l'expérimentation sonore : ce qui est une première dans sa discographie. Une veine qu'il continuera d'explorer sur toute la deuxième moitié des sixties. Avec un résultat plus ou moins heureux... Car du côté pile nous avons « Knott's Berry Farm Molly » qui réussi le pari de surprendre agréablement l'auditeur lorsque la part « classique » de guitare se mue en manipulation de bandes passées à l'envers, ou encore « Sail Away Ladies » qui apporte des vapeurs d'ether en introduisant une veena (instrument à cordes indien qui a de faux-airs de cithare) jouée par Alan Wilson de Canned Heat, pour accompagner la guitare. Mais du côté face (le côté obscur) on se retrouve avec « Will the Circle Be Unbroken » sur laquelle un organiste joue en parallèle de Fahey (sauf qu'on a jamais l'impression qu'ils jouent ensemble, rendant l'expérience très dispensable), « Guitar Excursions into the Unknown » qui porte bien son titre mais qui se contente de dissoner dans le vide sans soulever plus d'intérêt que ça, et sans oublier « 900 Miles » qui nous refait le coup de la putain de flûte perce-tympans mal mixée.
C'est heureusement sur un doux traditionnel que John conclut sa collection d'expérimentations mi-figues mi-raisin. En dépit d'une première face assez irréprochable et d'ambitions avant-gardistes louables, ce Volume 4 est inégal et le ventre du disque est complexe à écouter en une seule fois... Fahey lui-même sera peu tendre avec l'album avec le recul, cependant il tapera plus volontiers sur le « bavardage bordélique » du morceau éponyme que sur ses autres expérimentations. Mais rien à craindre, car The Great San Bernardino n'est qu'un début, qui annonce d'autres tentatives futures bien plus concluantes et équilibrées. Dès le suivant, c'est à la musique concrète qu'il s'attaquera. Mais... spoilers !
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes The John Fahey Adventure et American Primitive Guitar : Avec tes doigts creuse tes racines, avec tes cordes chatouille les astres
Créée
le 1 janv. 2016
Critique lue 283 fois
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Cette citation n'est pas de moi, c'est Saitama lui-même, principal protagoniste et « héros » de One-Punch Man, qui la prononce après un énième gros vilain dûment tabassé d'un seul coup...
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