The Hawk Is Howling
7.3
The Hawk Is Howling

Album de Mogwai (2008)

S’il y a un groupe qui offre un semblant de fédération tout en étant sujet à des critiques (souvent justifiées) dans la mouvance du post-rock, c’est bien Mogwai. Il y a ceux qui les adorent coûte que coûte, même dans leurs sorties les plus lisses où la pseudo-subtilité se conjugue avec l’ennui. Ceux qui pensent que c’était mieux avant et enfin, ceux qui s’en foutent. Ces derniers ont justement raison. Parce que le post-rock n’est plus intéressant depuis belle lurette car devenue trop redondant. La faute à un trop grand nombre de formations qui cultivent la copie et le rien à dire dans leur musique atmosphérique.


Pourtant, on a envie d’y croire à la musique des Écossais. Mr. Beast avait (très) légèrement dévié de leur trajectoire stylistique. Plus de variété, des formats de morceaux succincts… Au point qu’on a parlé de virage pop. S’il s’agit de leur disque le plus accessible, cela reste une description hâtive même si pas non plus impertinente.


N’est-ce pas ce qui explique le relatif désamour qui a pu entourer The Hawk Is Howling ? Avec sa réputation de retour aux sources, il a dû être perçu d’une manière amère par certains. Toutefois là encore, il faut évaporer cet écran de fumée pour apporter des précisions. Si The Hawk Is Howling retourne vers de longues structures qui ont fait la réputation du post-rock à ses débuts (ce qui confirme son appellation de rock progressif des années 1990), on reste loin des assauts soniques de Young Team (à l’exception de « Scotland's Shame » dont je reviendrais plus tard dessus). La marche à reculons s’arrêtant juste avant : sur Come On Die Young. L’œuvre qui, dans un sens, confirmait que Mogwai ne retrouverait jamais la puissance et l’atmosphère de son premier jet.


De toute façon, tout cela ne reste qu’une question d’enrobage d’esthétique et de nuances imperceptibles pour le profane, parce que cette bande n’a jamais réellement évoluée. Il est alors impossible d’être déçu si on a aimé leur second travail studio. On peut même le voir d’un bon œil puisqu’elle réinjecte de nouveau de la tension dans des compositions qui en manquaient cruellement avant Mr. Beast.
On pourrait d’ailleurs leur reprocher de commencer ce disque de l’exacte manière que le précédent avec un titre au piano épique et un autre rentre dedans. Mais comment leur en vouloir quand la qualité parle d’elle-même ? « I'm Jim Morrison, I'm Dead » est magnifique. C’est même une de leurs meilleures introductions d’album. « Batcat » est tellement enthousiasmante qu’elle nous ferait regretter que ces gonzes ne cherchent pas à s’aventurer plus souvent dans ce registre musclé.


Certes, il n’y a pas beaucoup de surprise à l’exception du primesautier « I Love You, I'm Going to Blow Up Your School ». Mogwai n’évite toujours pas ce piège de confondre minimalisme avec vide intersidéral (comme ce « Local Authority » où il ne se passe pas grand-chose) et certaines longueurs persistent (« I Love You, I'm Going to Blow Up Your School » est typiquement le genre de morceau qui marche mieux en concert). Cependant, ils réussissent leur album. Trop bourratif pour être excellent, mais tout de même bon.


Mais ce qui importe le plus, ça reste la présence de « Scotland's Shame ». Le style de composition inespéré de leur part depuis longtemps. Un long crescendo noisy qui ne se contente pas d’impressionner vaguement. On entre bien dans un tourbillon de guitares à l’atmosphère rampante et à la limite de l’explosion. Ça ne s’emballe jamais sans qu’aucun moment d’ennui ne pointe le malheureux bout de son nez. Ce morceau, c’est ce que les fans du grandiose « Mogwai Fear Satan » attendaient depuis des lustres : un groupe sur le point d’envoyer tout péter avec une musique apocalyptique à faire frissonner la plus insensible des grosses brutes.


Dommage. Dommage que l’avenir ait démontré, une fois de plus, que Mogwai préférait rester sur des choix incertains au lieu de plus s’aventurer dans ce genre de musique cathartique et mélodique. Car préférant s’encombrer de sonorités électroniques qui n’ont jamais rien apporté de décisif dans leur son ou de flirter avec la pop sans l’assumer complètement. C’est bien leur véritable problème de ne jamais avoir choisi de manière franche une voie à suivre.
Fallait-il s’attendre à autre chose de la part d’une troupe muette, dissimulée derrière un brouillard sur scène pour cacher son manque d’assurance malgré d’énormes vagues de guitares ? Il faut croire que non.


Chronique consultable sur Forces Parallèles.

Seijitsu
6
Écrit par

Créée

le 4 mars 2016

Critique lue 401 fois

3 j'aime

Seijitsu

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