L'été de mon hiver
The House is Burning La fraîcheur de l’hiver, le goût amer des partiels et les nuits blanches qui s’accumulent donnent un étrange mélange des plus déplorables. Or une lueur d’espoir survit, un...
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le 28 janv. 2022
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The House is Burning
La fraîcheur de l’hiver, le goût amer des partiels et les nuits blanches qui s’accumulent donnent un étrange mélange des plus déplorables. Or une lueur d’espoir survit, un dernier souffle de chaleur qui persiste depuis l’été 2021 et c’est le dernier album du petit protégé de Top Dawg Entertainment (1m68 pour être exact).
Il revient après près de 5 ans depuis son dernier album qui fut une réussite autant commerciale que critique. Zay apparu abruptement et s’installa rapidement comme la poule aux œufs d’or du Rap US avec le projet The Sun’s Tirade.
Projet qui globalement n’était autre qu’une ode à la découverte personnelle et aborde tant ses problèmes financiers qui l’empêcher d’être serein face à ses factures dans l’excellent 4R Da Squaw notamment. Track qui sera d’ailleurs la mère et prédécesseure de l’un des tout meilleurs sons de 2021 dont on parlera un petit peu plus tard. Il collabora aussi avec le duo fracassant et enjoué Zacari et Kendrick Lamar. Duo qui on le rappelle est à l’origine de l’un des meilleur sons d’amours fait par un rappeur. Ils collaborèrent sur la track Wat’s Wrong qui sample Stanley Cowell. On a aussi un séquençage de flows atypique, qui permet la variation du rythme de la musique. On débute notamment avec un Rashad étonnament énergétique lui qui est connu pour son flow lent et extrêmement détaché. Il adopte des placements en staccato très à la mode de l’époque. On a ensuite le refrain réalisé par Zacari qui comme à son habitude vient apporter l’élévation lyrique et vocale que nécessite la track. Ensuite enchainé d’un couplet monumental de K-Dot avec un rythme frénétique, des rimes travaillées et impactantes comme « Depending on the way I feel I might kill everybody around me. Might heal everybody around me »pour enfin rappeler bien qu’à cette époque personne ne l’égalait « I told, Zay I’m the best rapper since twenty five ». Cependant malgré un retour sur les chapeaux de roues après son deuxième album studio silence radio pour Rashad.
Rien pendant près de 5 années. Des indices semblaient indiquer que Rashad a tendance à être soit extrêmement méticuleux ou grand procrastinateur. On le perçoit par sa manière de poser extrêmement détendu et détaché ou encore parce que The Sun’s Tirade débuta avec un enregistrement audio du président de TDE qui lui envoie le message suivant « The fact that I still don’t have your goddamn album… you don’t care that they wanna hear your next shit? You just that good, huh? ».
Mais une demi décennie plus tard nous voilà en Août 2021 avec l’album entre nos mains The House is Burning. Le projet annonce rapidement la direction artistique prise. DA que je trouve cohérente et pertinente avec la personnalité de l’artiste qui est aux rennes. On est très loin de l’énergie et la frénésie d’un LP ! de JPEGmafia par exemple. Malgré que les deux albums se classent haut dans les meilleurs projets de l’année précédente. En effet Isaiah nous emmène dans un univers nocturne et chaleureux. Un album qui trouve pertinemment sa place lors de soirées en petit comités ou lors de virées nocturnes en voiture. Virée qui débute avec Darkseid.
Un retournement de cassette et nous voilà dans une boucle hypnotique avec un piano étouffé et des instruments à corde l’accompagnant. Track se finissant de manière raccord avec le bruit d’une voiture s’arrêtant. Les freins sont enclenchés mais on est ébranlé instantanément par un son trap avec des phases en staccato frénétique et des bruits de sirènes accompagnant des 808 terrifiantes. Sirènes qui font écho à l’autre feat sur lequel apparaît l’invité du prodige de TDE Juggernaut de Tyler the Creator , vous l’avez compris nous parlons bien de Uzi Vert. Uzi arrive et rafale (vous noterez le jeu de mots) la prodcution encore une fois. Avec des phases hilarantes comme « Just like my music, your bitch, she gon’ leak ». Même si l’impétueux Zay prend ici un peu plus de place et de dynamisme, il reprend vite ses esprits avec à nouveau un flow posé mais impactant sur RIP Young qui est clairement dans les meilleurs tracks du projet. Il s’y trouve un refrain dont il est difficile de se défaire avec sa voix démultipliée dans le fond avec pour finir comme à son habitude un extrait d’un meme virale où l’on entend cette fois-ci d’un homme se prélasser de la beauté d’un Arc en Ciel. L’un des atouts marquant de l’artiste est sa capacité à être aussi incisif avec un flow si peu agressif permettant ainsi d’obtenir le calme et la chaleur d’un album de soul/jazz tout en y apportant la patte Hip Hop nécessaire afin de classifier l’album dans cette nomenclature. Tout ce beau mélange est condensé dans un seul et même son Headshots. Headshots ou 4R Da Locals pour les intimes se place incontestablement comme l’un des meilleurs sons de l’année. Après avoir laissé paraître un extrait lors d’un live instagram la fanbase du rappeur n’avait d’yeux que pour ce son et à sa tant attendue sortie. Heureusement il était clairement à la hauteur des attentes. On y retrouve un un piano jazzant, des choeurs articulés par une voix féminine et celle de Zay tout en y ajoutant ce qui semble ressembler à de la réverbération pour donner de l’amplitude au son dans sa généralité. Rashad y interprète ici aussi des couplets tout aussi frappant les uns que les autres. Avec comme à son habitude des phases phares et très facile d’accès comme «zay, you smooth like an rnb song » ou « Givin’ out hoes not kudos, kudos » tout en traitant du sujet d’un meurtre qui nous enfonce dans une ambiance bien plus nocturne et ténébreuse. Ambiance elle même en raccord total avec les émotions dépeintes par la merveilleusement glauque production.
Après avoir parlé meurtre on retrouve une track avec Smino intitulée Claymore ou Smino prend le morceau et le matraque en 4 avec sensualité. C’est l’un des premières fois que lors de ma jeune vie d’auditeur amateur que j’ai pu entendre une voix et un flow aussi adaptés à l’ambiance d’un morceau : la cohérence y est parfaite. Niveau production on y retrouve des micros accords de guitare électrique rappelant énormément le soleil et les vagues de vacances Hawaïennes (Merci Lilo et Stitch car je n’ai jamais posé un pied sur cette île. ) On y retrouve des percussions étouffées par les tumultes de l’océan. Nous retrouvons étonnamment les codes d’une musique comme Sous l’océan provenant du film la Petite Sirène de Disney. Vocalement Smino adopte ici un flow rapide et cadencé rythme peu intuitif lorsque l’on s’imagine une ambiance posé et relaxante. Et pourtant c’est parfait, la cadence nous entraîne au rythme des vagues et nous empêche de ne pas suivre le mouvement hypnotique créé par la track.
Mais après toutes ces éloges on entre dans la partie qui fait perdre de sa superbe au projet. En effet après un départ en trombe les sons All Herb, Hey Mista ,True Story et What U sed ne me réchauffe pas autant. En effet après être tombé amoureux des premiers sons je ne suis qu’amertume en ce milieu de projet. Pourquoi me direz-vous ? Notamment car Zay semble perdre un peu de son équilibre entre détachement et incisivité avec comme cas le plus flagrant All Herb. On a presque l’impression que l’auteur s’endort dans la cabine d’enregistrement. L’arroseur arrosé après tout. Mais après un moment de creux il revient nous exploser les tympans avec une boucle de guitare électrique persuasive et un feat pertinent sur Chad où YGTUT intervient avec une voix rauque servant la gravité et l’ambiance de la track. SZA fait aussi apparition rayonnant avec le ténébreux 6LACK sur le son Score
Finalement on a un projet qui arrive à encapsuler une chaude nuit d’été. Un album qui anime une belle soirée entre amis, un album qui réchauffera vos coeurs autant qu’il l’a fait pour moi. Il vient contrebalancer les tendances très répétitives du rap actuel avec la recrudescence de la drill ou de la trap. Isaiah Rashad a trouvé son public, sa niche et nous fait part d’un projet maitrisé. Même si il n’innove pas dans son style il l’affine par ailleurs. C’est bel et bien l’aboutissement malheureusement pas parfaitement réalisé de 5 années (on l’espère) de dur et intense labeur. Et comme tout homme est avide et cupide j’ose espérer plus de musiques à se mettre sous la dent d’ici les 5 prochaines années. Mais merci Zay ce soir je dormirai apaisé après m’être fait allumé par mon partiel éclaté.
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le 28 janv. 2022
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