The Hunter par Marc Poteaux
Mastodon est et restera dans l'esprit de beaucoup ceux qui ont assis toute la scène metal avec leur énorme « Leviathan », qui mariait une grande partie des genres extrêmes à des influences sudistes voir stoner. Un album incontournable, très original et créatif, qui ravivera le sludge et fera naître de nombreuses vocations. Et puis, tout doucement, le groupe s'en est éloigné, a évolué en intégrant un peu plus de rock à son metal. Ce qui aboutit logiquement à nous livrer une œuvre de la trempe de « The Hunter ». Soit un stoner metal où le hardcore et le death ont quasiment disparu. Vous me direz, il reste un peu de thrash non ? Bah oui quand même, on va pas nous priver de tout d'un coup d'un seul. Par contre, niveau originalité et folie psyché, on reste un peu sur notre faim aussi. Oh, ne vous méprenez pas ; ce sixième opus des américains est très bon. Voix travaillées, production puissante et ronde, et présence de vrais tubes (« Curl Of The Burl », « All The Heavy Lifting », « Dry Bone Valley »). Pourtant, il a aussi des défauts : titres un peu faiblards (« Octopus Has No Friends », « Thickening »), quelques passages un peu trop faciles, et l'impression générale que le grain du groupe s'est perdu dans le sac de café d'El Gringo. Oui, ce disque va marcher, il est presque programmé pour, lissé ; c'est le reproche principal qu'on peut lui faire. De là à dire que le groupe s'est vendu, il y a un pas que je ne franchirai pas ; il reste suffisamment de génie à Mastodon pour proposer des titres excellents en respectant leurs influences et leurs envies, en multipliant (quand même) les ambiances, et en finissant par un titre magnifique et puissant qui donne immédiatement envie de se replonger dans le disque pour en dénicher d'autres perles (« The Sparrow »).