Par Fréderic Gendarme

« We all collectively were fucking depressed ». Quand Complex revient avec Havoc et Prodigy sur la composition et l’écriture de The Infamous, il faut attendre le morceau Cradle To The Grave pour avoir un aperçu de l’état d’esprit qui prédominait chez les deux rappeurs vingt ans auparavant. Au détour de l’anecdote, Havoc évoque la sonorité du beat, et son adéquation avec les sombres images qui trottaient à l’époque dans la tête du duo : « We wanted to express ourselves in that tone. There’s nothing pretty about the beat so it was just fitting. » Un ton noir et nihiliste, qui en 16 épisodes dépeignent la vie à Queensbridge avec une lucidité déstabilisante, parlent d’un frère enfermé (« Temperature’s Rising »), d’allers retours vers les prisons du Nord de New York (« Up North Trip »), évoquent la paranoïa (« Trife Life ») et les addictions (« Drink Away The Pain »). Ce recul à froid, ce réalisme déconcertant de calme n’est pas courant chez deux gamins âgés de vingt ans. On ne le retrouvera nulle part ailleurs. The Infamous vient de se figer tout en haut des classiques, les cinq micros de The Source à l’appui.

20 ans plus tard, que reste t-il de Mobb Deep, de leur statut d’étalon du rap dit « Hardcore » à une époque où The Infamous venaient se lover auprès d’Illmatic et Enter The Wu-Tang (36 Chambers) respectivement sorti un et deux ans plus tôt ? Aujourd’hui Atlanta, Chicago ou encore Los Angeles, la grande rivale de jadis, semblent surfer sur des courbes plus dynamiques que la Big Apple qui oscillent entre épiphénomène (ASAP Rocky), queer rap (Mikky Blanco, Le1f) et crise de nostalgie (Joey Badass). (...)

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le 2 mai 2014

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