Avec la manière...
Lorsque le producteur de films David Puttnam contacte Mike Oldfield pour échafauder la bande originale du film La Déchirure (The Killing Fields), il est loin d’imaginer les contraintes liées au...
le 26 sept. 2015
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Lorsque le producteur de films David Puttnam contacte Mike Oldfield pour échafauder la bande originale du film La Déchirure (The Killing Fields), il est loin d’imaginer les contraintes liées au guitariste et à ses maniqueries obsessionnelles. En 1983, Mike Oldfield est pourtant sur un nuage. Crises, son dernier album studio, cartonne et le single « Moonlight Shadow » est un triomphe. Logiquement, il s’est engagé dans une énorme tournée ponctuée de plus d’une centaine de dates. Paralèllement, il a déjà commencé à composer la suite sous la pression amicale et financière du « pousse au cul » Richard Branson. Et voici ce projet qui le plonge dans l’inconnu.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Mike Oldfield n’a en effet jamais écrit directement pour le cinéma, le thème de L’Exorciste ayant été pioché par William Friedkin après la sortie de l’album. Mais notre ami est cinéphile et intrigué. Le sujet du film l’inspire (l’amitié entre un journaliste anglais et de son assistant cambodgien durant le massacre des Khmers Rouges), ainsi que le pays où se déroule l’action. Toutefois, l’exercice se complique rapidement. L’imagination du musicien se voit en effet confrontée aux limites du montage et du support vidéo.
Après six mois de travail, le réalisateur Roland Joffé lui demande donc de revoir sa copie, ce qui plonge notre ami dans l’embarras d’un calendrier déjà saturé. Le résultat s’avère pourtant convaincant. Aucune nonchalance, aucune désinvolture dans ce flot de titres arrangés par le complice de longue date David Bedford, auteur de son côté du flippant « Year Zero ». L’état d’urgence est même fidèlement exploité (« Evacuation » devenu un classique tourmenté) alors que l’Orchestra of the Bavarian State Opera et les choristes du Tölzer Boys font des miracles d’émotion sur « Pran’s Escape/The Killing Fields « et « The Boy’s Burial/Pran Sees The Red Cross ». Au centre, le cristallin « Pran’s Theme » est d’un dépouillement exemplaire alors que l’adaptation du « Recuerdos de la Alhambra » de Francisco Tárrega, renommé « Etude », referme le rideau avec la manière.
Autres critiques sur Amarok Magazine
Malgré les quelques réticences du duo Puttnam – Joffé, la bande originale de The Killing Fields sera nommée aux Grammy Awards puis aux Baftas (équivalent britannique des Césars / Oscars). Exception dans la discographie de Mike Oldfield, The Killing Fields a logiquement poussé les fans collectionneurs à rechercher les morceaux exploités dans le film mais restés inédits sur l’album. Un bel exercice de style malheureusement classé sans suite.
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le 26 sept. 2015
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