Non cet album n’est pas le meilleur disque de Radiohead, et on ne risque pas de chantonner les refrains de ces huit titres sous la douche, tant les mélodies sont difficiles à retenir. Mais The King of Limbs est une œuvre déroutante et envoûtante, tellement différente des monuments passés du quintette d’Oxford (Ok Computer, Kid A…) qu’il ne sert finalement en rien de vouloir les comparer. Il faut se rendre à l’évidence pour éviter toute nostalgie contre-productive: Radiohead ne fait plus du rock, et sa musique ne se prête plus ni aux soirées entre potes ni aux foules des stades. The King of Limbs se savoure dans lecalme, dans la pénombre, au casque ou au salon, en ne pensant à rien, quand Karma Police pouvait très bien se chanter au volant d’une voiture en … Comme tout travail riche, dense et fouillé, l’album doit s’écouter plusieurs fois avant d’en saisir tous les contours et la saveur.
La magie opère dès les premières notes de Bloom. Le son est pénétrant, la voix hypnotisante. Le ton est donné, une porte s’ouvre sur un monde troublé et tortueux. Une entrée en matière réussie.
Suit Morning Mr Magpie, bien plus gaie et agréable, mais dont le refrain souffre d’un manque
d’inspiration. Little by Little est un titre qui surprend moins. Il reprend tout ce qui a fait le succès du
groupe, sans toutefois atteindre des sommets mélodiques. Un peu dommage. Arrive alors Feral, titre digne de Burial. Intéressant, mais on aurait pu s’en passer, tant l’album est court et ce genre de bidouillages un peu superflu quand on s’appelle Radiohead.
Cette première moitié d’album est donc somme
mitigée. Heureusement la seconde partie de l’album rattrape le tout. Avec sa basse et son tempo atypique, Lotus Flower s’impose comme l’un des meilleurs singles de Radiohead . On se
prend même à penser que Thom Yorke n’a jamais aussi bien chanté, ce qui se confirme sur Codex, une ballade magnifique dont seuls les cinq compères ont le secret. Give up the Ghost est originale et entêtante, et tout aussi émouvante. L’album se clôture sur une pépite pourtant peu reconnue, Separator. Ce titre, spatial et déchirant (ah, ce « wake me
up » final…), gagne à être ré-écouté ...