Cette compilation est tirée du gros coffret consacré à la dernière période de Pink Floyd, dirigé par Gilmour, de 1987 à 2019. Eh oui, quoiqu'en pense Waters, le Floyd a réussi à survivre à son départ et même obtenir un énorme succès avec des tournées pharaoniques (1987 et 1994, gros souvenirs de Bordeaux!). A son départ, Gilmour lui avait balancé: "On continuera, mon gars, ne te trompe pas là dessus!" alors que Waters lui prédisait que c'était impossible. S'en est suivie une longue période de combat judiciaire concernant l'utilisation du nom "Pink Floyd". Le Floyd a pu ensuite revenir sur le devant de la scène et Rick Wright de retrouver sa place de claviériste (alors que Waters l'avait viré méchamment lors de l'enregistrement de "The Wall" et qu'il n'était plus que "musicien additionnel" même en 87!). Tout n'a pas été facile, loin de là, Wright usé, n'avait plus touché un clavier depuis des années; quant à Mason, il a été épaulé par un 2e batteur en tournée pour obtenir un son plus puissant, comme le souhaitait Gilmour. Bien sûr, les albums sortis ont été inégaux et ne prétendent pas revenir aux glorieuses seventies mais quelques titres ont surnagé comme "High Hopes", "Learning to fly" ou encore "On the turning away".
Autant le coffret avec des inédits pouvait se concevoir, autant je suis toujours circonspect devant des compilations du Floyd (c'est un groupe qui ne s'y prête pas, tout simplement). Ici, cette compilation ne peut se penser que pour ses inédits sinon autant se faire soi-même ses morceaux préférés. Elle mélange des morceaux studio et des morceaux live dont certains extraits du concert en clôture du festival de Knebworth en 1990 (il est depuis sorti officiellement et en intégralité). Pas mal mais rien de fondamental, surtout pour le "fan hardcore" du Floyd qui possède déjà tout. "Lost for words" nous fait entendre le Floyd dans son versant folk qu'on a souvent oublié pour le classer dans le rock progressif/ spatial. Ce morceau est enregistré lors des répétitions de la tournée 94. Quant aux versions live, elles n'apportent honnêtement pas grand-chose à la légende du groupe, beaucoup sont tirées de "Delicate sound of thunder" alors que "Pulse" était infiniment meilleur et pourtant, aucun titre n'en est extrait! Une compilation simple agréable mais pas renversante, réservée à ceux (nombreux et nombreuses vu son prix) qui ne peuvent pas s'offrir ce satané coffret. Gilmour a continué jusqu'à aujourd'hui de s'affronter avec Waters par interview interposée, la reformation du Live 8 en 2005 n'ayant été qu'une parenthèse très émouvante mais éphémère, Waters s'étant pointée avec la setlist qu'il voulait et Gilmour lui faisant comprendre immédiatement que c'était une performance de Pink Floyd et qu'il n'en était que l'invité! Et toc! De divergences artistiques en divisions politiques, les retrouvailles entre les 2 sont aujourd'hui impossibles. Pour sa courte tournée 2024, Gilmour a refusé de jouer des grands classiques du Floyd comme "Money" ou "Another Brick in the Wall"; pour lui, Pink Floyd appartient au passé et il faut s'y faire.