The Letter / Neon Rainbow par Vincent de Lavenne
En 1967 sort Sgt Pepper's Lonely Hearts Club Band. Il ne s'agit pas de faire une comparaison, mais plutôt de voir qu'à ce moment, c'est l'album qui compte, qui marque, qui fait date. Donc quand "The Letter" atteint la première place des charts, QUE FAIRE des Box Tops, qui sont un groupe assemblé par une maison de disque autour d'Alex Chilton, qui abrite un ange cabossé dans ses cordes vocales ? Hé ben un album.
Et avec quoi ? Avec tout ce qu'on trouve, mon vieux Jean-Paul.
Les singles ("The Letter", "Neon Rainbow") ? Ben oui, pis vu qu'on fabrique l'album comme un cadeau enroulé avec du papier journal et des sparadraps, les deux chansons serviront de titre hein.
Les chansons qui marchent ben à l'époque ? Ben on va mettre un ptit Bacharach-David ("Trains & Boats & Planes"), pis "Whiter Shade Of Pale" tant qu'on y est, comme ça le gosse pourra lâcher le rauque.
Et pour le reste ? Tout ce que tu trouves. TOUT.
Avec ce principe, c'est sûr, on peut dire adieu à l'album parfait que peut-être, avec un peu plus de temps, de confiance à Chilton (16 ans et déjà toutes ses dents), on aurait pu avoir pour suivre un single aussi PHENOMENAL que "The Letter", qui, en moins de deux minutes, me claque la tronche avec des cordes, des cuivres, un ptit chouia de bruit à la fin, et la voix habitée du chanteur. "Neon Rainbow" fait un contrepoint sympa, dans l'ère du temps, et pas mal des chansons sont très finement arrangées (ce qu'on peut attendre pour un album fabriqué en studio par des musiciens de studio et pas un groupe), et l'ensemble s'écoute avec des beaux moments et d'autres plus passables.
La différence entre cet album et un album Motown, c'est que chez ces derniers, ils puisaient surtout dans leurs propres songwriters, et ont créé un "son" et un style, après quoi les artistes devaient sortir leur épingle du jeu et montrer leur personnalité.
Ici le pauv' Chilton chante ce qu'on lui donne, avec beaucoup de bonne volonté. Paraît-il qu'il se rattrape dans Big Star avec brio. J'irai voir ça. Mais, ô toi qui es tombé sur cette critique : écoute "The Letter". Réécoute la.