Heureusement, il y a les esthètes, funambules élégants et autres illusionnistes : ils savent détourner nos yeux du gouffre, en nous faisant oublier le temps d'un soupir de diva que le pouvoir des clichés est avant tout affaire de manipulation. Si l'on se sent plus que tolérant - volontiers complice - avec ABC, c'est que leur talent n'est jamais affaire d'arrogance : on danse avec plaisir avec ces gais prolétaires qui rêvent aux poussières d'étoiles. A force de vouloir être beau comme Bowie, Martin Fry nous démontre avec éclat que la plus belle illusion est enfantée par le désir et la croyance.
[Critique écrite en 1981]