Démonstration de l'esprit de contradiction.
The Libertines ne sont certes pas un groupe dénué d'intérêt, ou de talent, mais il faut néanmoins évoquer, pour être juste, quelques défauts indéniables.
Parmi ceux-ci, on ne peut que remarquer la longueur excessive de l'album, qui ne peut être vu comme une œuvre globale. D'excellentes chansons, accrocheuses par leur textes comme par leur mélodies, se placent parmi un magma d'essais moins finis. On ne peut de ce fait que regretter que le groupe n'ait su perdurer plus longtemps, pour donner une version finie de ce dont ils sont capables.
The Libertines, c'est aussi un son immédiatement identifiable - ce en quoi on peut les classer parmi les grands groupes - qui est aussi incroyablement clivant. Les guitares stridentes à la rythmique approximative envahissent le mix, et ne laissent que peu de place à une batterie à la caisse claire bavarde, et à une basse très en retrait.
Le résultat donne une impression de frénésie un peu brouillonne, justement ce qui a fait des Libertines des idoles adolescentes, des rock stars véritables, mais qui peut agacer quelque peu. The Libertines et leur producteur, le révéré Mick Jones, semblent décidément avoir pris le parti de la spontanéité sur celui de la réflexion, du joyeux chahut sur celui des orchestrations soignées.On n'y trouve pas l'épaisseur, l'architecture soignée de leurs contemporains des Strokes ou des Arctic Monkeys, qui eux affichent des chansons impeccablement composées et construites. Ces décisions sonores agressent un brin l'oreille, et l'écoute de l'album est assez épuisante.
The Libertines, c'est le groupe de Carl Barât et Pete Doherty, des personnalités attachantes, talentueuses, mais qui ont tellement décidé d'être uniques qu'ils ne finissent rien. Et cette attitude prend beaucoup d'une pose, qui agace quand elle n'est pas basée sur du concret. Le poète maudit, par excellence, Rimbaud, modèle du duo, était avant un virtuose dont les coups d'éclat avaient la réflexion et la puissance des plus grands, choses dont les Libertines ne semblent pas se soucier, dans leur quête d'une spontanéité illusoire.