La Ruée vers l'Or de l'Oncle Picsou
Pour ceux qui connaissent Nightwish, vous n'êtes pas sans savoir que la musique de film est l'influence première des compositions du sieur Holopainen. Et au vu de certaines d'entre elles, il y a de quoi être tout émoustillé par un projet de mise en note de L'Epopée de Picsou. L'annonce du film Imaginaerum, basé sur l'album du même nom, m'avait fait le même effet, non pas tant pour le film en lui-même (que je n'ai toujours pas vu), mais parce qu'il y allait avoir une BO arrangée exclusivement à cette occasion. O joie !... jusqu'à ce que je me rende compte qu'elle n'était qu'un réarrangement insipide qui ne rendait pas hommage à l'album dont elle était tirée. Mais deux années ont passées, les blessures de la fangirl aveugle ont cicatrisé, et entretemps Don Rosa a annoncé qu'il participe aux illustrations de l'album. De quoi se laisser séduire donc par ce voyage dans l'Ouest américain... et quel voyage !
The Life and Times of Scrooge, c'est un projet de longue date. Il faut remonter en 1996, année où un tout jeune compositeur finlandais à formation classique et nourri de musique métal, décide de voir les choses en grand, en très, très grand. D'un côté il fonde un groupe dont la réputation n'est plus à faire, de l'autre il commence à réfléchir à une musique qui illustrerait sa bande dessinée préférée. Le temps passe, et c'est le groupe qui prend le dessus, avec ses tournées mondiales, ses chanteuses virées plus ou moins comme des malpropres, mais surtout avec des moyens de plus en plus impressionnants et des rencontres (Tony Kakko, Pip Williams, Troy Donockley, Johanna Kurkela) qui ont fait que tout ceci a pu aboutir. Cela a beau être un projet solo, sans Nightwish, tout cela n'aurait pu exister.
Mais la part de Nightwish dans Scrooge s'arrête ici. Parce que je te vois, toi, rempli de mauvaise foi : tu as vu les mots métal et Nightwish, et moult écoutes ne te feront pas revenir sur le fait que c'est trop gothique pour toi. C'est donc ainsi que, sur la fiche SC, tu te refuses de rentrer "bande originale" pour y mettre "rock" (déjà, tu as fait un effort). Sur dix morceaux, un solo de guitare, qui figure sur le morceau formaté dès le départ pour être un single : hum... piètre album de rock. Appelons les choses comme elles sont : Scrooge est un album symphonique et orchestral, une BO, certes de BD, mais une BO quand même.
Scrooge a la patte Holopainen, c'est indéniable. On y retrouve ces choeurs et ces mélodies si empreints d'innocence féérique déjà présents dans Imaginaerum. Mais on découvre un autre aspect du monsieur : tout comme Picsou qui quitte son Ecosse natale pour les terres inconnues du Grand Ouest, il nous a composé une musique qui place l'auditeur lui-même dans une situation de découverte. C'est très différent de ce qu'il a pu laissé entendre auparavant. Des facettes ont été approfondies (comme la musique Western d'Into the West) tout comme d'autres ont été mises plus en retrait (la présence de Troy Donockley, qui présageait une énorme place au celtique, est à placer au second plan). Le résultat est à l'image du projet : ambitieux. Et ça fonctionne très bien.
Tuomas Holopainen a confirmé, par cet album solo, que non seulement il est un bon compositeur de musique symphonique, mais aussi qu'il a énormément de ressources. Du coup, ça me rend toute triste de savoir que c'est bien là le dernier album qu'il fera en solo. On n'est vraiment pas dans de la redite avec ce qu'il peut faire chez Nightwish, Scrooge montre bien qu'il y a encore des univers, dans la musique d'Holopainen, à explorer plus avant et qui n'ont pas leur place dans son groupe. Tant pis !
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