Le plus mauvais disque de Zappa intervient dans une période encore houleuse pour lui : sa tournée européenne et plus précisément italienne fut un fiasco, elle prit fin sur des émeutes, lacrymo et jets de seringues usagées de toxicos bien décidés à ne pas faire qu'écouter la musique de Zappa. A Palerme, la configuration catastrophique des lieux a eu raison de l'humeur des junkies et autres spectateurs prêts à en découdre avec l'armée, quand ce ne sont pas les moustiques qui viennent embêter nos musiciens lors d'un autre live. Le recto et le verso de la jaquette documentent cette tournée compliquée.
Mêlant toujours adroitement enregistrements live et overdubs réalisés en studio, l'album s'ouvre sur le brillant Cocaïne Decisions qu'on aura déjà entendu notamment le soir d'Halloween 81 au Palladium de New-York et se la joue reggae-rock sur Sex où Zappa répète "the bigger the cushion, the better the pushin" pour bien asseoir le message. L'album est traversé de morceaux instruments faisant la part belle aux lignes de basses vibrantes et claires, gimmicks très eighties qui trouvent malgré tout une belle résonnance. Reste que l'album ne se tient pas et un amer goût de déséquilibre et d'absence de fil conducteur empêche le disque d'être à la hauteur de son affiche marquante. La technique du sprechgesang moitié chanté moitié parlé, influencé par l'opéra comique, est une horreur. The Radio Is Broken, The Dangerous Kitchen, The Jazz Discharge Party Hats, en plus de contenir des textes débiles sont des exemples plus ou moins ratés de cette technique pourtant appréciée par Zappa, qui y voit la possibilité de lier les lyrics aux instruments avec une toute autre pertinence. Luigi & The Wise Guys revient quant à lui aux basiques du doo-wop dégoulinant chanté a cappella avec 3g dans le sang. Le très Mothers Moggio clôt l'album sur une note amusante et plutôt délicieuse. La comedy rock dans tout ce qu'elle peut avoir parfois d'indigent.