The Masterplan
7.8
The Masterplan

Compilation de Oasis (1998)

Les clichés ont la vie dure dans le rock. Le plus tenace d’entre eux est que les face-B des singles sont souvent des chansons médiocres, car indignes de figurer sur la fameuse face-A. Place réservée aux tubes potentiels.


L’autre cliché courant, c’est qu’on reconnait la grandeur d’un groupe à la qualité de ses face-B… Ah attendez, ce cliché est vrai ! Quand on arrive à soigner aussi bien ses albums que ses inédits, cela signifie qu’on a affaire à des gens sérieux et appliqués. Si ces deux qualificatifs ne semblent pas correspondre en apparence à Oasis, c’est juste parce qu’on fait trop attention à leur image et pas assez à leur musique.


A l’instar de leurs contemporains comme Curve et Suede, les chutes de studio se révèlent précieuses chez la famille Gallagher à cette période. Loin d’être remis du soi-disant fiasco artistique (car surtout financier en réalité) qu’était Be Here Now, le label Creation a la bonne idée de sortir une compilation regroupant une belle sélection des face-B de nos deux britons fanfarons.


Quand débutent les hostilités avec « Acquiesce », on constate que cette idée est loin d’être mauvaise mais on se pose aussi une question inattendue : pourquoi ce tube en puissance n’a pas été choisi en tant que single ? Ce morceau, qui est un des rares de leur carrière où les deux frères (désormais ennemis) se partagent le chant, est un hymne. Le refrain reste gravé dans votre mémoire, le mini-crescendo de guitares psyché le précédant est jouissif et le rythme est incroyablement entraînant. Si « Underneath the Sky » est du même acabit car inoubliable dès la première écoute, le reste de ce plan d'attaque est moins immédiat car plus varié, mais tout aussi bon.


On y retrouve les inévitables ballades bien entendu et chantées en majorité par Noël Gallagher. Elles prouvent une nouvelle fois que ce freluquet aux gros sourcils est un grand songwriter dans l’âme. Que ce soit dans un registre folk (« Talk Tonight »et « Half the World Away ») ou accompagné d’un orchestre (« Going Nowhere » et « The Masterplan »), les mélodies de notre cher Nono se révèlent séduisantes et profondes, car résistant à l’usure du temps.


Liam se soumet lui aussi à la tâche sur l’acoustique « Rockin' Chair » et l’épique « Listen Up ». Terriblement mélancolique et soutenu par des guitares shoegaze. Cette chanson et « (It's Good) To Be Free » rappellent par la même occasion qu’avant d’être le groupe de « Wonderwall », Oasis était surtout un gang jouant à un volume sonore indécent en concert.


Et comme il en faut pour tous les goûts, il y en a aussi pour les amateurs du Oasis le plus rock. Comme les punky « Fade Away » et « Headshrinker ». « The Swamp Song » et son harmonica blues ou l’imparable « Stay Young ».


Certes, on pourra pinailler sur la reprise live de « I Am the Walrus (Live) », loin d’être aussi essentielle que les autres titres en dehors de son ahurissant solo de guitare psychédélique. Ainsi que sur l’absence d’autres pépites méconnues (« Step Out », « Cloudburst », « It's Better People », « (I Got) The Fever » et « Take Me Away »), mais il aurait fallu que cette sortie se divise en deux disques pour toutes les accueillir.


Peu-importe ces regrets, on tient entre les mains le 3ème chef d’œuvre fantôme d’Oasis. Car seulement connu des fans les plus acharnés des Mancuniens. Une mine d’or qui n’attend qu’à être explorée et qui prouve l’incroyable talent de cette formation devenue une bande de pestiférés dans les milieux autorisés depuis.


Je disais que c’est en examinant la qualité des face-B d’un groupe qu’on reconnait sa grandeur. The Masterplan est la preuve formelle qu’Oasis était immense.


Chronique consultable sur Forces Parallèles.

Seijitsu
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le 13 oct. 2015

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