Les deux fantaisies de Mozart et son 20e concerto (l'un des deux seuls en mode mineur) sont évidemment des compositions merveilleuses. La Camerata Salzburg est à la hauteur de sa réputation, Grimaud interprète avec justesse, ou au moins d'une façon qui me convient parfaitement. La prise de son est bonne (enregistré sur un Steinway à l'université de Salzburg). On passe donc, comme attendu, un excellent moment avec cette première partie de programme.
L'intérêt de l'album réside finalement dans sa partie contemporaine, où j'ai découvert Valentin Silvestrov (compositeur ukrainien né en 1937). Ce n'était pas ce que je venais chercher dans cet album, j'en appréhendais même un peu l'écoute. Or ce fut une découverte surprenamment plaisante. Le "Messenger" en particulier est une œuvre réellement belle. Ce morceau d'une dizaine de minutes a été composé en 1996 par Silvestrov en mémoire de sa défunte épouse. Sa mélancolie épurée, lumineuse et non affligeante, rappelle un peu Arvo Pärt. Je trouve la manière de Silvestrov plus riche que celle de Pärt, car moins engoncée dans une démarche minimaliste où les bonnes idées mélodiques et harmoniques deviennent parfois lassantes à force d'être répétées. Silvestrov a d'aileurs un vrai sens de la mélodie, aux accents parfois mozartiens qui donnent à l'album son unité.
On y trouve deux versions du "Messenger" : l'une pour piano et cordes, l'autre pour piano seul (voyez sa captation ici). Toutes deux magnifiques. Entre deux, Grimaud a choisi trois morceaux du même compositeur ("Two Dialogues with Postscript"), aux échos romantiques cette fois.
Je recommande chaudement !