Pour la bonne cause

Pour célébrer les trente ans de leur album éponyme, en plus de nous balancer une édition Deluxe de cinglés comme avec les albums précédents, Metallica a convié une bonne cinquantaine d'artistes pour reprendre les titres de l'album. Cette compilation regroupe donc des reprises de divers groupes et artistes qui vous rappelleront les CD de Kerrang où des albums cultes étaient repris de A à Z par d'autres.

"Ils n'ont pas honte de vouloir toujours se faire de l'argent facile comme ça les vieux là ?! Y'a même Miley Cyrus et du rap, non mais quelle horreur !" hurleront les trve metalleux élitistes au fond de la salle. Sauf que là, les bénéfices reviennent à des associations caritatives. Alors oui j'ai passé 4 heures à écouter plusieurs fois les mêmes titres interprétés par des artistes du monde entier, mais j'ai pu contribuer à faire gagner quelques centimes (je suis optimiste, tant le streaming rapporte peu) à des associations qui en ont bien besoin. Plus précisément, pour préserver ma santé mentale, j'ai écouté toutes les versions dès qu'elles sortaient en singles ces derniers mois pour en avoir moins à écouter maintenant que tout est sorti.

Parlons enfin de la musique : il y a de tout. Il y a les timides qui reprennent les morceaux de façon assez fidèles mais vont quand même ajouter un riff, claquer un solo différent, mettre en avant un instrument singulier ou changer un peu la mélodie pour la forme, et puis il y a ceux qui écrivent un tout autre morceau et mettent les paroles d'un titre de Metallica dessus. Le fait que beaucoup de genres soit représenté permet une belle variété musicale pour l'ensemble, même si non seulement on se coltine beaucoup trop de reprises de Nothing Else Matters par rapport aux autres morceaux mais en plus tous les rappeurs participants ont bossé sur Wherever I May Roam...

Ça crée forcément une redondance jusque là souvent évitée grâce aux différentes propositions musicales des artistes.

Mais bon, il y a des propositions intéressantes, les voix féminines l'air de rien ça change beaucoup la donne sur certains titres et ça rend parfois très bien (comme The Unforgiven par Ha*Ash). Biffy Clyro a fait une superbe reprise de Holier Than Thou, où ils ont complètement repensé le morceau sans le déformer. Idles fait du Idles (je trouve le groupe très surestimé avec le succès critique du dernier album mais bon c'est peut-être juste pas ma came), on a des sonorités country et jazzy sur certaines reprises, tout ça est bienvenu. Royal Blood calme bien tout le monde aussi avec un Sad but True sans guitares, remplacées par la basse lourde et les pédales à effets du chanteur. Dave Gahan a fait une jolie reprise intimiste de Nothing Else Matters, et ce qui m'a plu c'est que ça ne sonne pas comme du Depeche Mode, là où certains chanteurs ne parviennent pas à s'émanciper de leur groupe en général. Pour les parties remixées des titres originaux, puisque certains s'y essayent (ou en font un morceau complet comme SebastiAn), je trouve que ça n'apporte pas grand chose. La voix de James Hetfield ne fait plus corps avec les autres instruments, ça crée un décalage un peu étrange, à part peut-être sur le titre de SebastiAn justement où on a Nothing Else Matters avec la prise vocale des chœurs qui est isolée sur le refrain. On a parfois des adaptations de paroles dans la langue de l'artiste qui reprend la chanson, ça ajoute aussi un peu d'exotisme sur des titres qu'on connait déjà bien. J'attendais les reprises de My Friend of Misery au tournant car c'est un très beau morceau. Il se trouve que Cherry Glazerr et surtout Izia (cocorico) en ont fait de très bonnes versions.

Ce n'est pas inoubliable, mais ça reste une belle initiative et les artistes ont joué le jeu.