C’est en 2008 que, venus de nulle part ou presque, les danois de The Seven Mile journey mettent au monde The Metamorphosis Project tel un projectile propulsé dans l’ère du temps et continuant sa course à travers le vide et l’indifférence générale. Ce second album, bien que n'ayant pas émoustillé les foules lors de sa sortie, se révèlera après digestion être un véritable ovni instrumental dissimulant derrière ses allures minimalistes des merveilles intactes.
Pour planter le décor imaginez un groupe de « post-adolescents » frustrés par la vie jouer dans une cave sombre et coupée du monde, abaissez ensuite la température ambiante de quelques dizaines de degrés, donnez-leur des couvertures en coton dans lesquelles s'emmitoufler confortablement et laissez opérer l'alchimie. The Metamorphosis Project n'est pas un de ces albums dont on s'accommode facilement après une ou deux écoutes superficielles, l'immersion dans cet univers nécessite sans aucun doute une certaine volonté de persévérance. Se vider l'esprit, s’aventurer dans des contrées lointaines et austères, se laisser imprégner par le néant l'espace d'un instant. Telles sont les motivations qui peuvent pousser un auditeur averti à porter son attention sur cet opus. Pour cela il faudra bien évidemment privilégier aux prouesses techniques des musiciens la recherche, l'originalité et la subtilité des compositions.
On découvrira alors un album d’une richesse insoupçonnée au long duquel on pourra entendre les guitares tisser leurs nappes sonores lancinantes rappelant parfois les fameux canadiens de Godspeed You ! Black Emperor (notamment sur « The Catharsis Session »), ou bien s’entrelacer dans des phrasés dignes d’enfants atteints du syndrome d’Asperger (« Purification – The Journey Transcription »), laissant néanmoins la place pour s'exprimer à une fretless tantôt lourde et saturée, tantôt envoûtante par ses mélodies salvatrices. Viendra de temps en temps se greffer à l'ensemble un piano au son feutré et aux vertus hypnotiques ou encore quelques instruments à cordes pour parfaire le cocon. La batterie quant à elle, souvent discrète, s’emportera parfois dans des rythmiques frénétiques, allant jusqu’à sublimer quelques envolées cathartiques comme sur "January 4th - The Hypothesis Hours", pour venir ainsi subjuguer la lente inertie de cette sombre errance, qui finira elle comme il se doit en apothéose avec "Purification - The Journey Transcriptions".
Bien qu'il puisse paraître difficile à aborder, The Metamorphosis Project mérite que l’on s’y intéresse. Si le voyage vous tente, accrochez-vous et laissez-vous imprégner doucement au fil des écoutes par la mélancolie transcendante du quartet danois et une fois que l'album aura opéré sa métamorphose en vous, vous ne pourrez que difficilement en revenir.
Meilleurs morceaux : "Identity Journals (anonymous)" et "Purification - The Journey Transcriptions"