The Mystery of Time: A Rock Epic par Nolwenn-Allison
Le dernier Avantasia, The Mystery of Time, est sorti en février dernier. Pour ceux qui ne connaîtraient pas Avantasia, c'est le side-project de Tobias Sammett, chanteur d'Edguy. C'est aussi un big-project, étant donné que l'ambition Sammett est de réaliser une sorte d'opéra-métal en réunissant tout le gota du milieu. La première (et dernière) fois que j'avais écouté ce "collectif", c'était avec The Scarecrow, qui m'avait plutôt séduite. Entre temps, Sammet s'est permis de sortir un diptyque (Angel of Babylon/The Wicked Symphony) avant de nous délivrer ce Mystery of Time.
Comme à son habitude, Samett a réuni du joli monde autour de lui. Au chant, il se voit accompagné de chanteurs bien reconnus, comme Joe Lynn Turner (qui a oeuvré au sein de Rainbow et aux côtés d'Yngwie Malmsteen) ou encore Biff Byford (Saxon). En vrac, on y retrouve également Ronnie Atkins (Pretty Maids), Eric Martin (Mr. Big) et Bob Catley (Magnum). Et c'est avec maintenant une sorte d'habitude que l'on voit également poindre le museau de Michael Kiske, ex-Helloween, qui s'est toujours montré présent dès The Metal Opera, premier album du projet. Au niveau instrumental, le casting est tout aussi reluisant : Bruce Kulick (ex-Kiss), Oliver Hartmann, Ferdy Doernberg (Axel Rudi Pell Band) et, comble de l'ironie, Arjen Lucassen, fondateur de l'autre gros projet d'opera metal et dont on attend également cette année le prochain album, Ayreon.
A cela, rajoutons l'apparition d'un orchestre, qui donne au projet opera-power-metal une dimension symphonique, plus à même de rendre l'aspect opéra justement de l'album. C'est un apport énorme, comme le montre Spectres ou encore le somptueux Black Orchid, et qui vient comme la récompense d'un talent et d'un succès on ne peut plus certains.
Même si on peut penser que la musique de The Mystery of Time est fortement influencée par cette arrivée de l'orchestre, l'album reste toutefois très variée. The Watchmaker's Dream, par exemple, semble tout droit sorti d'un album d'Edguy (à noter : le superbe solo de Lucassen sur ce titre). Toujours sur un plan purement power, Where Clock Hands Freeze, l'un des premiers titres à parler pleinement de la question du temps, se révèle être un petit bijou : si les orchestrations de départ semblent plutôt lancinantes, une fois que les guitares ont fait sonné le glas, rien ne va plus. Epaulées par la batterie, le rythme devient irrésistiblement effréné, tandis que le duo Kiske/Sammet se désespère de cette fuite du temps, toujours inexorable, tout en espérant trouver la voie où l'horloge se gèlera. On oubliera par contre volontiers la ballade qui lui succèdera, Sleepwalking, niaise à souhait (je ne sais pas pourquoi, mais à chaque fois qu'une chanson s'appelle comme ça, ou Sleepwalker, on a le droit à ses 3-4 minutes d'ennui).
Deux morceaux dépassent les dix minutes sur ce Mystery of Time. Deux morceaux de bravoure. Si Sleepwalking nous plonge dans une torpeur qui ne nous donne pas envie d'aller se promener dans cet état, Savior in the Clockwork nous file un bon coup de fouet avec une rythmique (ce qui me plaît le plus dans Avantasia) à tuer, tout bonnement.
Quant à The Great Mystery, il constitue une fin vraiment sublime : commençant comme une ballade qui réunit Sammett et Catley, elle s'enchaîne d'abord sur un véritable déballage d'epicness mélancolique à la Queen, avec un piano tout mignon et des choeurs, puis sur une résurgence plus abrupte des guitares, de l'orchestre, de Turner et de Byford. Lorsque Catley reprend les rênes, il nous quitte avec ces dernières paroles : "As silence doesn't talk, eternity will cease". Mais c'est dans une remontée spectaculaire, une manifestation de la renaissance, qu'il reprend ses droits. Le morceau se conclut finalement en apothéose, comme il se doit.
The Mystery of Time est venu à moi au moment où je pensais être blasée des productions musicales actuelles. Il a réussi à me prouver que j'avais tort de me morfondre, que tant qu'il y aura des compositeurs de génie, il y aura des compositions de génie, c'est aussi simple que cela. Comme pour The Scarecrow, Tobias Sammett et sa troupe m'ont emmenée dans un voyage bougrement épique, du début jusqu'à la fin. Il ne reste plus qu'à voir ce que donnera le prochain Ayreon, mais je pense qu'à eux deux, ils feront mon année 2013.