Yes, it is.
Ok, bon première critique sur SensCritique, on va essayer de faire ça bien, j'ai la pression... J'attendais cet album encore plus que la fin du confinement, d'autant plus après les avoir vus à...
Par
le 10 avr. 2020
23 j'aime
1
Le nième retour des Strokes, après une décennie perdue, a engendré l’excitation attendue (un concert à l’Olympia sold out en quelques minutes, mais dont personne n’est ensuite sorti particulièrement enthousiaste…), la question était de voir si Julian Casablancas & Co étaient capables de nous proposer avec "The New Abnormal" un album digne de ce nom…
"The Adults are Talking" constitue une vraiment belle ouverture, une chanson qui monte en intensité et qui nous fait dresser à nouveau l’oreille. Qui prouve que les Strokes savent encore commencer un album avec grâce, ou tout au moins en générant cette excitation que nous attendons d’eux. Mais, autant l’avouer tout de suite, ça ne durera pas… Il est d’ailleurs tout-à-fait permis d’avoir une lecture « méta » du « They will blame us, crucify and shame us / We can't help it if we are a problem / We are tryin' hard to get your attention » qui a du coup le mérite de la lucidité : mais qu’est-ce qui, en 2020, pourrait bien constituer un BON disque des Strokes ?
Si le falsetto de Casablancas est incroyablement pénible ("Selfless", "Eternal Summer"), et nous fait dire qu’il devrait prendre des cours chez Alex Trimble, le reste du temps, son chant est bien tout ce qui sauve l’album de l’ennui plus ou moins profond qui guette l’auditeur au fil de chansons beaucoup, mais beaucoup trop longues. Ou pire, de chansons – comme un "Brooklyn Bridge to Chorus" qui devient pesante à force de se perdre en chemin - semblant constamment à la recherche de leur propre signification.
Il faut avouer que le nom de Rick Rubin à la production laissait espérer autre chose que ces plaisanteries électroniques, ces claviers omniprésents, toutes ces fioritures qui éloignent le groupe d’une possible « vérité » qu’il peine à retrouver, même en répétant dans ses compositions les formules qui lui réussirent si bien à ses débuts ("At the Door", du Strokes millésimé…). La majorité des chansons de "The New Abnormal" évoquent franchement le calvaire d’un groupe qui n’a rien à dire – et si nous sommes honnêtes, n’a sans doute jamais eu grand-chose à dire, une fois passée l’excitation d’un premier album dont la réussite ressemble de plus en plus à un pur coup de chance…
Paradoxalement, c’est quand il se clôt sur une triplette de ballades convenues ("Why are Sunday’s So Depressing?", "Not the Same Anymore", et le réellement très joli "Ode to the Meds" en conclusion…) que "The New Abnormal" touche le plus juste : comme si reconnaître qu’ils n’ont rien d’original à nous proposer permet au moins aux Strokes d’écrire des chansons, certes sans ambitions, mais honnêtes…
« I didn't know, I didn't care / I don't even understand / Did somethin' wrong, I wasn’t sure / Stay on top of this, or else / I was afraid, I fucked up / Yeah, yeah, yeah / I couldn’t change, it's too late », tel est le constat sans appel que dresse Casablancas de sa voix éternellement fatiguée sur "Not the Same Anymore"…
"The New Abnormal" est bien une sorte d’anomalie : l’album d’un groupe qui a été has been dès son second album, mais reste, assez inexplicablement, chéri de (presque) tous. Et qui n’a toujours aucune idée de la bonne manière de répondre à cette affection.
[Critique écrite en 2020]
Retrouvez cette critique et bien d'autres sur Benzine Mag : https://www.benzinemag.net/2020/04/11/the-strokes-the-new-abnormal-le-nieme-retour-des-strokes/
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Liste chronologique des concerts auxquels j'ai assisté [en construction permanente]
Créée
le 11 avr. 2020
Critique lue 812 fois
18 j'aime
19 commentaires
D'autres avis sur The New Abnormal
Ok, bon première critique sur SensCritique, on va essayer de faire ça bien, j'ai la pression... J'attendais cet album encore plus que la fin du confinement, d'autant plus après les avoir vus à...
Par
le 10 avr. 2020
23 j'aime
1
Que dire, que dire, que dire... Les revoilà enfin. Les "sauveurs du rock" comme on les appelait il y a de ça une petite vingtaine d'années. Disparus depuis 4 ans pour certains, depuis 7 ans pour...
Par
le 10 avr. 2020
22 j'aime
2
Mettons les pieds dans les plats dès le début. The Strokes est un groupe légendaire. Leur force réside dans un son unique qui a connu tellement de formes et pourtant, si reconnaissable parmi tant...
Par
le 10 avr. 2020
19 j'aime
3
Du même critique
Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...
Par
le 29 nov. 2019
205 j'aime
152
Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...
Par
le 15 janv. 2020
191 j'aime
115
Cette chronique est basée sur ma propre interprétation du film de Charlie Kaufman, il est recommandé de ne pas la lire avant d'avoir vu le film, pour laisser à votre imagination et votre logique la...
Par
le 15 sept. 2020
190 j'aime
25