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The Bishop of Hexen est un groupe de Black Metal Symphonic d'Israël, encore que pour leur cas la classification mériterait quelques petites précisions supplémentaires. Formé en 1994, les israéliens n'ont à leur actif qu'une démo, deux EP et deux albums mais ont pour l'occasion constitué la formation avec pour inspiration première un univers alternatif macabre et malicieux façonné par les membres. Ainsi, leur musique se construit sur la base de ce monde imaginaire, gorgé de légendes et de contes noirs, grandement accompagnée par un clavier très expressif, une voix d'outre-tombe mi-chantée mi-parlée et un support sonore Black Metal léger mais agressif, ce qui n'est pas sans rappeler un certain trio néerlandais...."The Nightmarish Compositions" se dote pour l'occasion d'une magnifique illustration signée Eliran Kantor, grand dessinateur qui se cache derrière quantité d'artworks de groupes connus et reconnus tels que Testament, Sigh, Sodom, Xerath, Iced Earth ou encore GWAR. Entrez dans le monde sinistre de la formation israélienne en compagnie de ce spectre glauque et magistral à souhait qui vous observe de ses yeux morts et vous met au défi de rester de marbre à l'issue de l'écoute.
Le premier album de The Bishop of Hexen, "Archives of an Enchanted Philosophy", est assez déroutant à écouter en ce sens qu'il est presque exclusivement constitué d'un râle glissant et crépitant racontant des histoires avec en fond sonore un clavier et des guitares presque absentes. Il s'agit plus d'une cassette audio particulièrement sombre qu'un album de Metal. Neuf ans plus tard, le groupe reprend ce concept assez inhabituel pour l'époque en y ajoutant cette fois-ci plus de bagage musical et rentrant pleinement dans la grande famille du Black Metal typé symphonique.
"And if plunge into the past, you will surely see
What horrifying death awaits for thee
Thousands of tales and speak of pain
Uncounted screams, and tortured limbs
Engulfed by the fire or frozen yet living
Hungry, diseased, or murdered in your linen!
Now think how fortunate you will be
To just wither away and never be
Unveil the curtain of sanity..."
Si Carach Angren et Tim Burton pouvaient faire un enfant, ils accoucheraient de "The Nightmarish Compositions". Et pourtant, le premier album de Carach Angren, "Lammendam", n'arrive que deux ans après celui-ci. Il n'est donc pas improbable que les néerlandais se soient inspirés de The Bishop of Hexen pour leur musique tant les similarités entre les deux groupes sont nombreuses. Le premier morceau de l'album, "Unveil The Curtain Sanity ", est une vrai réussite en matière d'introduction, surtout pour un album-concept aussi sincère et consciencieux. Quelques notes de pianos intrigantes et une voix mystérieuse suffisent à faire rentrer complètement l'auditeur dans une ambiance froide et cadavérique, à l'image de l'esprit Burtonien (début de "A Serpentine Cave"). On retrouve également cette sensation bizarre de sortir du Metal pur pour autre chose de plus diaboliquement enchanteur avec les titres "The Somber Grounds of Truth" et "Dreaming Dementia" où se confrontent blasts effrénés bien Black, avec une batterie à la limite de la frénésie, et sonorités mélodiques d'un clavier sépulcral. La réussite de cet album se trouve dans l'immersion complète qu'il propose à travers ces passages qui mixent sévérité et ésotérisme.
"In the midst of a pit where deaths-heart, beat
At the far most point
Where several world meet
In the mist, erupts passion where motion sets remorse
Energy flows in a shapeless course
And sorrow-forged in fire"
Si je compare quelque peu Carach Angren et The Bishop of Hexen, c'est que l'on retrouve chez les deux groupes des correspondances musicales assez marquées. On distingue jusque dans les paroles et les thèmes abordés un rapprochement avec le conte fantastique, le cauchemar devenu réalité, le surnaturel et le lugubre. Seregor (Carach Angren) et Lord Koder (TBOH) articulent leur chant autour d'un univers semblable, tantôt scream noir en concordance avec la batterie et les guitares, tantôt litanie sordide qui régule le rythme du morceau et permet de renouer avec l'intention première de l'intro et du concept de l'album entier, une atmosphère glaciale et dérangeante. De la même façon que le flow du chanteur est vecteur de la mesure du temps d'un morceau car placé devant les instruments à la production, "The Nightmarish Compositions" marque par la position du chant dans les titres. Ceux-ci, parfois chantés parfois parlés selon la teneur du texte, se retrouvent imprégnés d'un aura venimeux. Ainsi, la solidité de la musique de The Bishop of Hexen se traduit essentiellement par la façon dont l'instrumental amène les deux types de chants qui apportent variété et ponctuation dans la composition, chose que l'on retrouve également chez Carach Angren.
Concernant la musique pure, la formation israélienne n'a pas peur de proposer des morceaux inscrits dans la longueur, souvent au-dessus des 6 minutes, où se mêlent le "narrative speaking", le clavier fantomatique et la violente danse guitares/batterie. Le chant très maîtrisé s'accord très bien à ce duo très pragmatique, affilié au Black Metal le plus typique. "Self Loaching Orchestration" est un exemple des plus probants d'un Symphonic Black Metal qui ne veut pas ennuyer l'auditeur. Chaque redondance des guitares est immédiatement supprimée par l'intervention du clavier et du chant qui ne supportent pas qu'un riff dure plus longtemps que nécessaire, ce qui fait que la musique de The Bishop Of Hexen est extrêmement énergique, vivante, avec ses propres pulsations.
"My fate now dust But shall form my epitaph
My old flesh is dealt with scorn
Yet, in another time, another place
I am reborn"
Un album riche en sensations pour un groupe qui préfère peaufiner sa composition plutôt que d'enchaîner les productions sans âme. Pour le coup, celle de "The Nightmarish Compositions" est très marquante, insuffle quelque chose d'unique à la musique qui ne nous laisse pas indifférent.
Créée
le 13 mars 2018
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