Si le Malin avait fait un album...
Il m'aura fallu du temps pour apprécier cet album à sa juste valeur, difficilement accessible au premier abord.
J'ai découvert ce groupe par le plus grand des hasards en tombant sur le morceau "Black Pearl in a Crystalline Shell", un véritable monstre. Pour preuve, il a atterri directement dans mon TOP 10 morceaux.
Je me demandais vraiment sur quoi j'étais tombé dès première écoute, les yeux écarquillés, si ce n'est une sorte de Post-Black Metal teinté rock/ambiant, peu ordinaire, jamais entendu jusqu'alors.
J'ai été directement frappé par les premiers riffs tranchants, couillus, baignés dans tout un tas de leads dissonants et parfaitement cohérents avec le reste tout en restant mélodieux... Une vraie prouesse. Le tout servi par une batterie active ne dépassant jamais le mid tempo, très "grunge" pour ainsi dire (sans doute le passé des zicos, ayant pour formation initiale "Breach", groupe de Post-Hardcore assez noir également) dégageant une ambiance singulière.
Les vocaux difformes et finalement discrets, dégagent quelque chose de malsain, démoniaque ; outre les cris et phrases pitchées, des rires absolument flippants, des chuchotements, des je ne sais quoi... Ponctuent le morceau, apportant une touche de folie furieuse, comme si la musique elle-même ne suffisait pas.
Et que dire de l'aspect progressif fantastique au sens propre comme au figuré ; notamment avec cette note dissonante d'une brutalité rare qui coupe le morceau après un râle bestial (vraiment), comme si le Malin envoyait tout péter en tapant sur son piano de l'au-delà de toute ses forces pour déboucher sur un passage planant, presque spatial, où les accords de guitares sonnent comme des gongs...
J'ai ensuite accroché au morceau éponyme qui gardait ce coté littéralement malade et rock n' roll de "Black Pearl...", "The Purging", exceptionnel lui aussi. Puis plus rien. Les autres morceaux me laissaient de marbre, trop répétitifs J'attendais sûrement des morceaux dans la même veine que les deux autres tout au long de l'album.
Puis je l'ai écouté, et réécouté ce disque, du début à la fin presque par frustration car je ne pouvais pas en rester là tant je sentais le génie dégouliner de toute part, et c'est là que j'ai compris tout le génie de Terra Tenebrosa.
IL FAUT ABSOLUMENT écouter plusieurs fois ce disque du début à la fin pour comprendre son essence, son âme, et c'est bien la première fois que ça me fait ça avec un album. Chaque morceau, et même les plus ambiants, vont dans la continuité des compos plus rythmées, comme si les plus calmes étaient des introductions voire des liens étroits avec le reste. On pourrait en effet presque croire que The Purging est tout simplement un morceau géant qu'il faut arriver à apprivoiser tant ce soucis du détail sonore (je pense à toutes les pistes, qu'elles soient vocales, bruitistes, samplées ou instrumentales) est d'une richesse incroyable au point d'être rarement égalé, un véritable voyage dans les abysses du Malin en personne.
La production est énorme : en même temps garage (c'est à dire sale avec du reverb) et de très bonne facture avec une profondeur déstabilisante (les nombreux instruments peuvent parfois paraitre très lointains tout en étant proche d'une seconde à l'autre, c'est tout le génie du groupe), avec tout un tas de pistes variées (claviers, vocaux, samples).
Ce coté répétitif que je soulignais plus haut est finalement effacé après avoir fini ce voyage liant fantastique et macabre à la perfection. Presque rien n'est à jeter sur ce disque.
Terra Tenebrosa est un groupe à surveiller car avec The Purging, ils livrent tout simplement le plus grand Black Metal expérimental à ce jour et prouve que le genre en a encore sous le capot. Voire mieux, qu'il demeurera immortel.