Frank Zappa a eu la bonne idée de filmer et d'enregistrer l'ensemble de ses performances au Roxy d'Hollywood du 8 au 10 décembre 1973. Sortiront de ces enregistrements le fameux album "Roxy & Elsewhere" au mois de septembre 1974, mais aussi un complément, tout aussi indispensable, 40 années plus tard, "Roxy the Proxy", le captage vidéo des concerts "Roxy The Movie" en 2015 et, finalement en 2018, l'ensemble de ces enregistrements, comprenant les 4 concerts, les répétitions, les prises de sons, ainsi que les prises en studio quelques jours plus tard ... plus de 8 heures indispensables et jouissives.
Ces concerts, mythiques pour tout fan de Frank Zappa, nous démontrent à quel point pouvaient être variés ses concerts. Il ne se répète que rarement d'un concert à l'autre, et quand un morceau est à nouveau joué le lendemain, son interprétation peut parfois grandement changer. Comme, par exemple, le morceau "Pygmy Twylyte", pour lequel on nous propose deux répétitions, une de 4', une autre de 14', et 3 versions, une le premier soir, assez longue (9'), deux autres le deuxième soir, une version courte (4'), un peu plus rapide lors du premier concert, et une autre de 7'30 avec des effets au clavier un peu différents. C'est finalement un extrait de 2' de la première répétition qui sera sélectionné par FZ pour figurer sur le disque "Roxy & Elsewhere". Cela donne une idée de la rigueur avec laquelle il a réalisé ce double-album. Surtout que les autres versions sont de très grande qualité également.
C'est finalement ce plaisir là qui prévaut pour tout fan de FZ, de pouvoir écouter toutes ces différentes versions, avec ces différences subtiles, que l'on ne perçoit pas directement à la première écoute. Un autre attrait est de pouvoir écouter des morceaux qui n'ont pas été sélectionnés sur le disque final. Presque tout son univers est dévoilé ces soirs-là : de "We’re Only in it for the Money" (1968) à "Uncle Meat" (1969) en passant par "Hot Rats" (1969), "Chunga’s Revenge" (1970), "Waka/Jawaka" (1972), "Over-Nite Sensation" (1973), "Apostrophe (‘)" (1974), sans oublier les futurs "One Size Fits All" (1975) et "Studio Tan" (1978). En un peu plus de 60 morceaux, on a ainsi un aperçu assez complet de la nébuleuse Zappa en 1973.
Une autre curiosité sont l'enregistrement en studio quelques jours plus tard de plusieurs titres phares de l’album "Apostrophe (‘)", qui n’allait sortir que trois mois plus tard. Lors des concerts au Roxy, seul le titre "Cosmik Debris" a eu les honneurs de la scène lors des premiers shows du 9 et du 10 décembre.
Si vous découvrez l'univers de Zappa, je vous conseillerais de plutôt vous rabattre sur son disque "Roxy & Elsewhere" où il a sélectionné les meilleurs morceaux et passages de ces fameux concerts. Cela m'étonnerait que vous soyez déçu.