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The Seer
7.8
The Seer

Album de Swans (2012)

The Seer serpente dans les méandres d'un post-rock tellurique

Par Julien Bécourt

Swans, faut-il encore le rappeler, est cette entité sonore qui jaillit dans le New York interlope des années 80, incarnant la branche la plus abrasive de la mouvance no wave, aux côtés de DNA, Mars, Teenage Jesus, Theoretical Girls ou Sonic Youth. Une radicalisation du rock réduit à son essence la plus primale, un blues atonal poussé au paroxysme de son volume sonore et une esthétique torturée sublimant l'abjection, la violence et la négativité. Né sur les cendres de l'éphémère Circus Mort, Swans apparaît comme une formation sans précédent qui développe une forme d'auto-cannibalisme, alimentée aussi bien par le passé de son leader Michael Gira (fugue en Europe, trafic de dope, taule en Israël...) que par la violence du Lower East Side dans laquelle le groupe est immergé tout au long des années 1980. Pour situer l'ambiance: Dope, Guns’n fucking in the streets plutôt que le New York actuel des hipsters pâlichons. Swans acquiert très vite une réputation de « groupe qui vide les salles » à travers des performances assourdissantes frôlant le body art. Swans est à New York ce que Throbbing Gristle est à Londres ou Einstürzende Neubauten à Berlin. Pas forcément très agréable ni accueillant de prime abord, ce "rituel du bruit" engendre au demeurant une forme d'autodétermination rétive à tous les préceptes de l'industrie musicale. D'abord, il y a la puissance écrasante de la rythmique, lourde comme une enclume écrasée contre le sol, et ces riffs heavy métal au ralenti qui viennent se fracasser contre les enceintes, anticipant Sunn O))) avec près de trente ans d'avance. Ensuite, ces paroles féroces, vociférées comme des mantras par un Gira en transe, piétinant tous les tabous (à lire absolument: son recueil de nouvelles La Bouche de Francis Bacon, publié en France en 2003 par Laurence Viallet). Et surtout, cette quête de l'extase à travers une violence viscérale, en guise d'exutoire à tous les traumatismes de l'existence infligés par la saloperie humaine, celle qui dispense mensonge, avidité et hypocrisie. Chaque titre d'album posséde alors l'impact d'un slogan publicitaire renversé en négatif, dont émane un sentiment d'attraction-répulsion : Filth en 1983, Cop en 1984, Greed en 1986. La catharsis selon les Swans, ou comment soigner ses névroses en appliquant la méthode Coué.

Lire la suite sur : http://www.chronicart.com/musique/swans-the-seer/
Chro
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le 4 avr. 2014

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