A mon départ...

Que voulais tu faire dans la vie? Être un héros pour mes enfants. Devenir le roc de Gibraltar ( considéré comme une des 2 colonnes de Samson) qui se dresse devant les obstacles et les protège de l'adversité. Malheureusement, la vie en a décidé autrement et je ne suis qu'un père bien ordinaire si on considère le mot ordinaire comme acceptable ou correct. Comme d'habitude, ce n'est qu'après le départ qu'on réalisera l'amplitude d'une relation. Quoiqu'il en soit, c'est de mon vivant que j'aurais préféré devenir le preux chevalier...

On m'a plutôt affublé de diverses capacités intrinsèquement aléatoires qui, pour l'être humain moyen, ne change pas grand chose à la donne. On me dit surefficient par ma manière de réfléchir et à contextualiser,, vulgariser mais, cette particularité n'offre que très peu de possibilités pour se démarquer surtout si l'on tient compte des goûts et des facultés de chacun. Pour faire court, la vie a fait de moi un spécialiste dans l'art de pelleter des nuages...

Il faut de plus prendre en considération l'embranchement familial pour obtenir un portrait juste. Dans mon cas, j'ai hérité de la plume maternelle et de la logique paternelle. Le mélange, si on ne se creuse pas assez les méninges, s'avère inutile à plusieurs degrés. Ainsi, pour donner une image, on m'a donné une pépite d'or...enfermée dans un coffre en me disant de trouver la clé n'importe où sur terre...

Et c'est quoi le foutu rapport avec le titre ? Freddy Mercury peut se vanter d'être devenu une icône. Et malgré un diagnostic de vih, il a réussi à nous cuisiner ce chefs d'oeuvre avant de mourir . Il faut le faire quand même. Non seulement il va mourir mais il nous invite par la chanson à continuer le spectacle sans lui. Il s'agit là du plus bel exemple de résilience qu'on puisse trouver. Du coup, il m'apparaît comme un héros artistique. D'autant plus que cette pièce est, à mon avis, l'une des meilleures du groupe. Pour le message, l'aspect touchant et que dire de la performance vocale. Il y a de ces gens qui semblent être faits exactement pour ce qu'ils font...

Longtemps j'ai cru avoir quelque chose de spécial. Un don, une étincelle particulière, un talent qui pourrait faire de moi une sorte d'exception. Puis, on se rend compte avec l'âge que le père Noël n'existe pas, que Marvel fait partie de la fiction et que les lampes magiques n'offrent pas de voeu. La désillusion nous frappe de plein fouet et on réalise tout d'un coup que l'on est simplement ordinaire.

Mais... sans être le héros de quiconque, j'ai entrepris un travail de longue haleine afin de demeurer vivant après mon départ. On ne sait jamais vraiment tout d'une personne, ce qui se passe dans sa tête. On se fie aux apparences, aux réactions de l'autre. On interprète ceci grâce à un sourire, on deduit cela par un contact qui se répète, on suppose la vie de l'autre. Et trop souvent ces interrogations se posent après le départ du sujet qui ne sera plus ici-bas. J'ose espérer que ce labeur ne sera pas vain et que mes enfants prendront le temps de voyager un peu dans la tête de leur père. Alors, j'écris. Toujours. Tout ce qui me passe par la tête et qui donne une idée globale de mon mode de pensée. Mon monde intérieur, l'enfant que j'étais, ce que me fait telle ou telle chanson, ce qu'elle crée comme scénario. Je ne serai jamais une légende comme Freddy Mercury. Son nom va demeurer dans la mémoire collective.

Alors à travers mes écrits, j'espère néanmoins laisser ma trace dans le coeur de mes enfants comme si je leurs parlais à mon départ. Qu'ils se souviennent de moi comme moi je me souviendrai d'eux, du haut de mon nuage. A la fin.

Et même après...