Je sais que ce n'est qu'à moitié vrai, car il serait injuste de trop négliger la production symphonique du merveilleux Mendelssohn, mais pendant une petite cinquantaine d'années, entre la Grande symphonie en Ut de Schubert (1828) et la Première de Brahms (1876) ou la Troisième de Bruckner (1873), seules dans ce genre se sont hissées à la vertigineuse altitude des symphonies de Beethoven les symphonies de Robert Schumann, ou plus exactement les deux plus grandes d'entre elles, la Deuxième et sans doute plus encore la Troisième, dite "Rhénane".


Rien n'est à proprement « classique » dans cette sublime symphonie, à commencer par le nombre de ses mouvements.


Rares avaient été les musiciens osant échapper aux quatre mouvements traditionnels : Beethoven, dans la Pastorale, bien sûr, en distingue cinq, ou l'inoubliable Berlioz qui osait tout, dans la Fantastique. Mais dans les deux cas, sans tout à fait le dire, la symphonie lorgnait déjà fortement vers le poème symphonique ou vers un contenu plus ou moins narratif.


Dans ses deux géniales symphonies, la Faust Symphonie et la Dante Symphonie (toutes deux de 1857), Liszt ne conçoit respectivement que trois et deux mouvements, amplement développés, il est vrai, et terminés par un assez bref passage chanté. Mais il faudra attendre Mahler et sa Seconde symphonie pour que le cadre classique éclate définitivement, même si Mahler lui-même y revient souvent.


La Symphonie Rhénane (décembre 1850, donc chronologiquement la dernière) possède, elle aussi, cinq mouvements, le plus extraordinaire étant sans nul doute le quatrième, un andante maestoso funèbre dans la tonalité très inhabituelle de ré dièse mineur, inspiré, paraît-il, par la cathédrale de Cologne et confié à un choral de cuivres où les trois trombones font un effet saisissant.


Est-il besoin de dire que Leonard Bernstein réussit particulièrement ce mouvement et qu'on devine en l’écoutant que Bruckner, qui a déjà 26 ans lors de la composition de la Symphonie de Schumann, en donnera de nombreux échos, volontaires ou inconscients, par exemple dans l'extraordinaire emploi des cuivres dans le finale de sa propre Cinquième.

Polyde
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le 16 déc. 2018

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