The tortured poet departement est sans doute l'album de Taylor Swift le plus discuté, attendu et mal compris.
A force de rabâcher que Taylor Swift est une pro du marketing, du business, influente dans le domaine de la politque, un phénomène pop culture, on en oublie presque ce qu'elle est avant tout : une autrice-compositrice et interprète.
D'abord, le titre est dérourant, presqu'un poil prétentieux dont certains disent reprend les codes de Lana del Rey. Avant sa sortie très attendue, le mystère est au plus grand puisqu' aucune musique ni visuel ne sortent avant le 19 avril. On ne connait donc aucune sonorité ni les thèmes que vont aborder cet album même si la pochette de l'album et ce que l'on sait de sa vie personnelle à l'époque où elle a écrit l'album suscitent des hypothèses. On s'attend en outre à un album très mélancolique sur sa rupture avec l'acteur britanique Joe Alwyn avec qui elle est sorti plus de 6 ans.
Puis, 6h du matin sonne et les premières notes de "Fortnight" se font entendre. Sur les 11 premières musiques, 10 sont produites par Jack Antonoff (que l'on peut très clairement distinguer des chansons produites par Aaron Dessner) rappelant vaguement les sonorités de Midnight.
Les 3 premières musiques ne sont étonnamment pas aussi mélancholiques que l'on attendait avec une Taylor Swift qui fait preuve d'humour dans le titre éponyme "The Tortured Poets Department" et qui revendique qui elle aime.
Effectivement, Taylor Swift n'a jamais eu autant d'humour que dans TTPD avec par exemple, dans le titre éponyme où on comprends qu'elle utilise ce terme en guise de "gentille moquerie" désignant ainsi cette personne qui laisserait cette machine à écrire chez elle.
Elle fait preuve de lucidité sur l'image que cette personne renvoie mais aussi l'image qu'elle a dans l'oeil du public avec notamment les chansons Clara Bow, High School où elle dit "you know how to ball, I know Aristole" ou dans "But Daddy I love him".
On comprends assez rapidement que nombre de musiques font en fait référence à Matty Healy, chanteur assez controversé du groupe anglais the 1975 ce qui n'a pas facilité l'acceptation de la narrative de cet album par certains fans. Cela rend la chanson "But Daddy I love Him" encore plus ironique puisque Taylor Swift "envoie balader" ses prétendus fans qui ont beaucoup à dire sur les personnes qu'on voit affichées à ses côtés.
C'est à mon sens son album le mieux écrit mais aussi le plus complexe qui demande du temps de digestion. Les 16 chansons additionnelles de "The anthology" et les 2 heures totales de musique ne facilitent pas son appréciation. C'est un album qui se décortique, chose que les fans adorent faire mais dont le grand public, les journalistes ou les critiques ne feraient pas forcement. L'album est bourré de références littéraires et culturelles qui ne prennent pas tout leur sens à la première écoute. C'est un album qui peut prendre du temps à comprendre mais ce sont souvent ce genre d'album dont je ne me lasse d'écouter, trouvant des nouvelles significations aux paroles à chaque écoute. Cela explique donc mon étonnement de voir des critiques journalistiques le 19 avril au soir.
Je trouve que cet album fait écho à RED, tant par sa réception par le public que par son principal défaut. En effet, bien que j'adore cet album, je le trouve peu cohérent dans ces sonorités. Dès la première écoute, nous pouvons distinguer quel producteur a écrit quelle musique scindant ainsi l'album en deux entités : un recueil de chansons folk, prêtant à l'imagination et aux douces ballades et une autre partie plus pop, rythmée avec une Taylor Swift plus affranchie.
Finalement, le statut de méga star (à la limite de la divination) de Taylor Swift n'a pas aidé la sortie de cet album car le grand public attendait la chanteuse au tournant mais cela reste pour moi un très bon album que je pense écouter très longtemps.