Dernière escale..

Souvent, si ce n'est pas à tous les jours, je me questionne sur l'utilité de tout ce cirque. Par la même occasion, je redirige la question vers moi. A quoi Puis-je bien servir si ce n'est qu'un rôle purement biologique. Pensons y un instant. Au travail, je serais remplaçable aussi tôt que demain. Socialement, le néant côtoie le vide alors passons. Il demeure donc le père et le fils. Plus absent qu'autre chose, en enlevant la part de tristesse qui est inhérente à un départ, la vie quotidienne ne s'en trouverait pas réellement transformée. Or, à quoi suis-je relié existentiellement au juste pour avoir ma place ici-bas. Je me suis longuement posé la question et malgré presque 50 balais, aucune réponse ne m'est apparu valide. Afin de m'accrocher à quelque chose de tangible, mon choix s'est arrêté sur les mots...

Je ne sais trop où j'avais la tête lorsque le temps de cadrer mon destin est arrivé mais je me suis identifié aux penseurs bien plus que je me suis magasiné un métier. Or, je me voyais faire de longues promenades, parler en paraboles, écrire ce qui me passait par la tête et en faire bénéficier la postérité. Épuisé par mes pensées de philosophe, je ferais une pause dans un ersatz de hamac avec ma grappe de raisins à la manière des romains. Lentement, je me dirigeais vers un avenir à progression quasi nulle. On s'entend...

J'ai lu énormément. De tout. J'ai d'ailleurs cette capacité de devenir une éponge avec le contenu de mes lectures. Étant suggestible plus que la moyenne, la matière entre, les connexions neuronales se font et la plupart du temps, l'absorption et la régurgitation sont sans faute. La suggestibilité correspond à la prise en charge d'une information et de la reproduire personnellement. Par exemple, après avoir lu l'alchimiste, j'ai rencontré une femme égyptienne. Ainsi, le fait d'avoir été élevé avec Aladin exacerbe l'impact du merveilleux jusqu'à en croire qu'il existe des souhaits qui se réalisent comme par magie. Quoiqu'il en soit, la lecture et l'écriture demeurait la voie me correspondant le mieux...

Comme on ne vit pas d'amour et d'eau fraîche ( il fut un temps où je le croyais/ pauvre con) j'ai ajouté la psychologie à la sauce. Premièrement pour me la péter brillant et aider mon prochain. Malgré tout, l'écriture continuait peu importe le contexte. Travail, école, parc, sur les chiottes, en autant que je possède le médium pour écrire, j'y vais sans hésiter. Ça ne sert strictement à rien. Je le fais machinalement. Vous me direz probablement " mais c'est quoi le foutu rapport avec la chanson ?". J'y arrivais justement...

Comme mentionné, j'ai joué à la cigale même si j'étais simultanément fourmi. J'ai toujours travaillé assez dur afin de subvenir aux besoins familiaux et personnels. Parallèlement, il y avait toujours l'écriture. J'y croyais ferme. Avec 2 ou 3 livres écrits de ma main sans les avoir présenté suite à un refus cavalier, j'étais persuadé que mon destin s'y trouvait. Des centaines de chansons, des notes personnelles, des théories... Et j'en suis ici. A expliquer ce qu'une trame sonore a en commun avec une voie fantasmée. Il faudra non seulement se rapporter au texte de Metallica mais aussi au vidéo officiel. L'homme qui cherche la clé et ne pourra l'atteindre qu'à sa mort. Belle représentation d'un destin raté, d'une désillusion complète et du temps perdu. La voix douce de James s'entrechoquant avec sa féroce vocalise inspire la souffrance, la colère et une texture désespérée. Ce n'est qu'avec tout ce recul que je comprends mieux l'image. Et pour tout dire, l'impact est violent...

Ce sera probablement la dernière fois que j'écrirai mes fabulations artistiques. J'ai longtemps tiré sur la corde sans savoir qu'elle était attaché à un immeuble ( image/ ça ne sert a rien). J'y ai cru, bordel que j'y croyais. Depuis longtemps, contre vents et marées. Tout ce que j'ai pu écrire n'a jamais été lu par les femmes de ma vie. Même en leur balançant des reproches logiques, rien à foutre. Pourtant, je félicite l'autre lorsqu'il démontre son potentiel. Ce qui me rappelle la phrase suivante : " ils feliciteront l'autre pour ce qu'il fait. Mais pas toi. Parce que c'est toi..."

Par je ne sais quel mauvais sort, on ne maccordera pas de mérite. Peu importe ce que je ferai, personne n'en aura rien à foutre. Peu importe si le résultat est digne du prix Nobel, tant et aussi longtemps que mon visage y est associé, j'irai bien me torcher avec du papier cul en feu. Alors, pour souligner cette triste constatation, je prend la décision de ne plus y croire. J'ai gaspillé une bonne partie de ma vie à m'enteter tel un fidèle en son église. Convaincu du plus profond de mon coeur que ma place était reliée de près à l'écriture. Sans nommer la plate-forme, je compte 2 lecteurs. Je les en remercie d'ailleurs malgré que je ne sois pas dupe. Ils liront sachant que c'est important pour moi. Pas par intérêt. Il s'agit d'amour. Pas d'une reconnaissance typiquement littéraire. Je les en libère aujourd'hui...

Cette critique a été plus longue du à sa finalité. Tel le vieux monsieur dans le vidéo officiel de The Unforgiven, j'ai longtemps cru pouvoir toucher la clé. L'impardonnable réside dans le temps perdu. Qu'aurais-je pu faire de tout ce temps afin d'améliorer mon sort? Je ne le saurai jamais malheureusement. J'en étais tellement certain que j'ai été aveuglé par l'appât de la reconnaissance. Je n'y aurai pas eu droit. Vaut mieux en finir maintenant.

Cette clé n'était définitivement pas pour moi...