Le gros machin truc qui commence par un morceau de circonstance :
United States. Morceau au titre colossal, et de circonstance. Á groupe éléphantesque, titre de circonstance Big Band. Avec un effet de style, et ce BIG band, qui joue de façon très spéciale, à contre-courant, presque sans « rythme », en sourdine. Le rythme c’est un élément comme un autre, qui n’est pas omniprésent ici, contrairement à d’autres modèles du genre. Ça commence léger. Ça tergiverse un peu. Afro-latin, pas afro-latin. Un moment de calme. Une partie de guitare acoustique seule, classique. Puis finalement…le crescendo se met en branle comme un jeune éléphant. Lourd et musclé, et boursouflé. United States.
Strange Arrangement. Il démarre par un thème assez étrange au piano, d’où le titre peut-être. Thème qui servira de pivot aux cuivres, vent, autres sax. Chacun son tour, se met au devant de la scène, pour se montrer et dire ce qu’il a à dire. Mais j’ai vite l’impression de bouger dans la même eau. J’ai aussi l’impression d’entendre du cliché Mingus. Le calme, puis l’accélération, le déploiement de forces, tout en cuivres, bois, basse, batterie, et ça sonne très FORT, évidemment. Strange Arragement ou All Fall Down, sur le même principe chacun. Carla semble bien plus intéressée par la couleur orchestrale, que par la beauté intrinsèque des mélodies. C’est souvent une trompette « bouchée » en lead, avec derrière un tapis métalliques de cuivres, et avec la sourdine, jamais de laisser-aller... Ensuite ça swingue, mais pas des cavalcades. Pour un non initié, ça va vite ressembler à une grisaille sonore, un camaïeu qui tient son homogénéité par la rigueur de l’orchestration même.
Et cette mise en mouvement se fait, de lent à un faux rythme, on avance , ça avance, le BIG band tenu en laisse, comme on tient en laisse un chien, ou une section rythmique, en lui mettant un gros corset bien serré autour de la taille. Cela peut sembler rigide parce que ça l’est. Les instrumentistes sont des pros, jouent comme tels, et de manière académique, c’est sur-écrit, coincé derrière un pupitre. Malgré le gigantisme de l’ensemble, ça ne m’impressionne pas des masses. Who Will Rescue You est plus dansant, moins raide, tant et si bien qu’il ressemble à un morceau de bal de promo, dans lequel on a inséré des éléments de gospel. L’orgue et le sax qui prêchent la bonne nouvelle, et le font sans affectation inutile. Encore un cliché. De la musique moderne américaine, qui se pense plus qu’il ne se joue, on va dire.
Lo Ultimo. Ça commence toujours par un entrelacs de matière d’où émerge la petite mélodie : Ténor-alto-hautbois... C’est très doux, très propre. Puis les autres entrent en scène, et complètent le mouvement. La percussion nous rappelle qu’elle est toujours là, et qu’elle joue sa partition, comme tous les autres. Ça redevient afro-latin, voire salsa. Et ça laisse un sentiment mitigé. Un Very BIG band qui est mené comme un moteur à réaction, mais qui ne donne pas tout ce qu’il a dans le ventre. Trop classique, et pas assez jazz. Chaque soliste est noyé dans l’ensemble, et ça ne marque pas plus que ça. En dépit de relances, qui rallongent les morceaux, et ne font que donner l’impression que c’est trop désincarné, trop intello. Quand un morceau latin dans la forme, plein de rythme par essence, ne me donne pas envie de bouger, à l’arrivée, je m’inquiète un peu.