L'odyssée de l'espace

Voici plus de 25 ans que les Tindersticks creusent patiemment leur sillon et nous entraînent au cœur du moindre recoin de l'âme. Peu d'artistes peuvent se targuer de posséder une discographie aussi cohérente et ce dixième album vient compléter une œuvre déjà conséquente. C'est peut être le plus varié de tous. Après une introduction empruntée au monde du cinéma, la deuxième piste nous permet enfin d'entendre la voix envoutante de Stuart Staples, qui n'a pas son pareil pour emplir l'espace. Tindersticks est passé maître dans l'art d'exploiter les silences et de prendre le temps de nous entraîner dans une danse parfois immobile. Le disque recèle de belles surprises qui contribuent au renouveau subtil de leurs compositions, comme ces cuivres qui viennent colorer le très africain Help Yourself. Le duo avec la regrettée Lhasa vient suspendre le temps et nous rappelle un instant la beauté de son grain de voix. Un instrumental plus loin, le phrasé du chant agrémenté de quelques notes de piano nous berce à nouveau avant que le titre éponyme et son wurlitzer nous propose de nous recueillir quelques instants. Après quelques notes de piano arrive le morceau le plus entraînant, un autre duo avec une voix féminine, celle de la chanteuse de Savages. On retrouve la tension et la retenue qui faisait la beauté de la B.O Trouble Every Day du film de Claire Denis. La répétition incessantes des paroles du refrain This is not us, This is not us, we are Dreamers et la superposition des voix à la fin du morceau vient souligner et clamer le besoin de défendre son identité propre. L'album se termine sur une ballade qui se demande où nous allons, une question qui restera en suspens et sans réponse, venant compléter la belle odyssée dans laquelle nous embarque Tindersticks. Une excellente excuse pour se replonger dans leurs précédents opus et apprécier le travail d'orfèvre réalisé avec minutie et dont il est difficile de sortir, une fois qu'on s'est pris au piège.